PARIS, 9 mai (Xinhua) -- Les sanctions économiques unilatérales prises par l'Occident conduit par les Etats-Unis ne cessent de provoquer le mécontentement dans le monde et l'Occident ne devait plus se comporter comme "maître de la classe", a déclaré l'ancien Premier ministre français François Fillon.
Lors d'une audition le 2 mai à Paris devant une commission d'enquête parlementaire relative aux ingérences étrangères, il s'est dit "totalement hostile" aux sanctions, lesquelles "viennent toujours du même endroit (...) : des Etats-Unis et de l'Europe".
Ce sont les Occidentaux qui imposent leurs sanctions aux autres pays au reste du monde, a poursuivi M. Fillon, "et si vous ne ressentez pas à quel point cette politique-là fait monter dans le monde un ressentiment contre nous, contre les Occidentaux, vous ne voyez pas arriver l'orage qui va malheureusement s'abattre à un moment donné sur l'Europe et l'Occident".
"On ne peut plus parler au reste du monde comme si on était les maîtres de la classe. On a le devoir de faire preuve d'un tout petit peu plus de compréhension et de tact dans notre manière de traiter le reste du monde", a-t-il dit, qualifiant les sanctions d'une "forme d'arrogance" que "des pays riches imposent à des pays plus pauvres".
Pour François Fillon, les sanctions ne sont jamais efficaces. "Il n'y a pas un seul exemple dans le monde d'un pays important qui ait baissé la tête parce qu'on lui imposait les sanctions économiques", a-t-il noté. En revanche, les sanctions "ont des répercussions sur notre économie qui sont assez désastreuses, et pas forcément des répercussions aussi graves qu'on le dit sur l'économie d'en face".
Premier ministre de 2007 à 2012 sur l'ensemble du quinquennat du président de l'époque Nicolas Sarkozy, M. Fillon a également raconté son expérience personnelle en ce qui concerne les ingérences étrangères. "La plupart du temps, elle venait d'un pays ami et allié qui s'appelle les Etats-Unis", a-t-il affirmé lors de son intervention préliminaire de l'audition. "Par exemple, j'ai été écouté avec le président Sarkozy pendant cinq ans par la NSA".
Il a par ailleurs déploré l'absence d'une réaction forte, tant au niveau du gouvernement qu'au niveau de l'opinion publique, suite à la révélation de l'écoute massive illicite des Etats-Unis vis-à-vis de leurs alliés européens.
"La vérité, c'est que tout le monde trouve ça normal, (...) parce que ça vient de nos amis américains, c'est dans la nature des choses et ça n'a suscité que deux ou trois jours de commentaires", s'est étonné M. Fillon.
Il a également pointé du doigt le principe d'extraterritorialité de la justice américaine, qui permet notamment aux Etats-Unis d'intervenir dans les affaires d'entreprises françaises et européennes. Cette pratique est "systématique" et se répète "au mépris, de mon point de vue, des principes du droit international", selon lui.
"C'est tout à fait inacceptable qu'un pays, fût-il notre meilleur allié, se permette de sanctionner, de mettre sous contrôle, de mettre sous monitoring, des entreprises qui ne sont pas des entreprises qui dépendent de sa souveraineté", a souligné François Fillon. Fin