BEIJING, 24 novembre (Xinhua) -- "J'ai toujours été extrêmement sceptique de l'idée d'un 'ordre fondé sur des règles'", a estimé Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis et à l'ONU, lors d'une discussion en ligne organisée le 14 novembre par l'Institut Quincy pour une politique d'Etat responsable, un think tank américain.
Face au développement vigoureux de nombreux pays émergents, les Etats-Unis, à la tête du monde d'hier, se situent aujourd'hui à la croisée des chemins en tant que puissance globale dans une conjoncture internationale complexe, comme avec le conflit russo-ukrainien en cours, selon les invités de ce débat.
En tant que vieux routier des affaires internationales, celui qui a également été ambassadeur de la France auprès des Nations Unies entre 2009 et 2014 fonde son scepticisme sur deux arguments qui s'appuient sur son expérience personnelle.
L'un est que l'ordre international actuel est celui de l'Occident. D'après lui, bien que des diplomates issus des régions émergentes jouent un rôle important au sein des organisations internationales, les diplomates issus des Etats-Unis, du Royaume-Uni ou de la France occupent constamment la majorité des positions clés.
L'autre est que "l'ordre actuel reflète les rapports de force établis en 1945". A ses yeux, en raison de la domination occidentale la plupart du temps dans le monde, le reste de la planète manifeste de plus en plus son mécontentement et son opposition face aux actions unilatérales et à la politique de puissance des Etats-Unis.
"Pour être franc, j'ai toujours été extrêmement sceptique sur cette idée d'un 'ordre fondé sur des règles' (...) En gros, quand les Américains veulent faire ce qu'ils veulent, y compris lorsque cela contrevient au droit international, tels qu'ils le définissent eux-mêmes, ils le font", a-t-il fustigé. L'ex-diplomate avait déjà écrit dans son dernier ouvrage, "Histoires diplomatiques" (Ed. Grasset), publié tôt septembre : "Le droit ne peut pas grand-chose face à la puissance".
Gérard Araud a d'ailleurs analysé l'origine de ce leadership des Etats-Unis en rappelant d'une part que, grâce à leur influence de poids sur le continent américain, ils n'ont jamais été menacés par leurs voisins. D'autre part, ils étaient déjà un membre majeur de la communauté internationale en 1945 où ils représentait environ 40% du PIB mondial.
Or, dit M. Araud, un nouvel ordre est maintenant en train d'arriver. "L'ordre mondial actuel reflète une suprématie occidentale - en réalité américaine - qui a disparu", avait tweeté à la mi-août l'ancien diplomate. Selon lui, "il est inévitable qu'un nouvel ordre ou désordre apparaisse progressivement à partir de ce nouveau rapport de force". Fin
