Madagascar : l'inflation touche l'assiette de chaque ménage (REPORTAGE)

French.xinhuanet.com|Publié le 2022-04-04 à 22:35
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ANTANANARIVO, 4 avril (Xinhua) -- L'assiette de chaque ménage malgache est touchée actuellement par l'inflation, qui concerne surtout le prix au marché des produits de première nécessité (PPN) par rapport à la même période des années précédentes.

"Nous ne mangeons plus trois fois par jour, nous mangeons seulement le matin et le soir, nous ignorons le déjeuner pour faire face à la hausse des prix des marchandises", a confié à Xinhua, Zarina, une mère de trois enfants qui vend des légumes à Analakely, l'un des marchés principaux de la capitale Antananarivo.

"Avec 100.000 ariarys (25 dollars), je pouvais remplir mon panier auparavant, mais cette fois-ci une somme de 100.000 ariarys ne me suffit plus pour faire ma commission. Presque tout augmente au marché actuellement, le sucre, les pois secs, les légumes et les œufs. Le savon a augmenté de presque 100%", a déploré pour sa part une autre habitante, Mireille.

Sur le marché d'Analakely, le prix du litre d'huile, qui était de 4.000 ariarys pour la même période en 2018, est monté à 11.000 ariarys actuellement, tandis que le prix du kilo de viande de bœuf est passé de 12.000 ariarys pour la même période de l'année dernière à 19.000 ariarys aujourd'hui.

Pour le riz, qui est l'aliment de base à Madagascar, le prix actuel a presque doublé par rapport à celui de 2018. Néanmoins, il reste stable et n'enregistre pas une hausse très remarquable par rapport aux mois précédents grâce à l'importation massive de riz faite par le gouvernement vers le début de l'année.

Concernant l'énergie, outre le prix du charbon de bois qui n'arrête pas de grimper depuis l'année dernière, le prix du gaz a également connu une hausse remarquable.

Selon un dernier rapport du conseil des ministres, l'inflation actuelle à Madagascar est entraînée par la hausse du fret maritime, l'augmentation du prix du pétrole sur le marché international, la baisse de la production et des exportations mondiales, ainsi que les conséquences du conflit russo-ukrainien.

Pour sa part, l'économiste Freddy Andriamalala, enseignant-chercheur à l'université d'Antananarivo, a expliqué que Madagascar ne peut pas se passer de la mondialisation.

"Dans le système mondial, tous les pays dépendent les uns des autres et dépendent des réalités dans le monde (...) La Russie et l'Ukraine fournissent 30% de la production de blé dans le monde et 30 à 40% du gaz en Europe. L'Etat malgache ne peut rien faire à cela. Les pays riches sont aussi victimes (...) C'est ça, la mondialisation", a-t-il précisé.

Tout en encourageant une subvention de l'Etat sur le prix à la pompe du carburant, M. Andriamalala a salué l'importation massive de riz qui a amorti la hausse du prix du riz sur le marché local, ainsi que le filet de sécurité donné par l'Etat aux plus démunis.

Andry Vola Razafindralambo, président de l'Association de protection des droits des consommateurs PMH, a quant à lui proposé d'exploiter la production locale, de faciliter l'octroi de terrain pour les agriculteurs et de diminuer la taxe payée par les entrepreneurs, qui est aussi un facteur de la hausse des prix au marché.

Le dernier conseil des ministres a débouché sur une décision d'organiser une concertation avec les opérateurs économiques et les producteurs industriels en vue de plafonner les prix des PPN sur le marché pour aider la population, et de renforcer la surveillance des prix des marchandises au marché et punir ceux qui font des abus sur leur prix. Fin

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