PORT-LOUIS, 2 octobre (Xinhua) -- Haie d'honneur, séga (le genre musical majeur de Maurice), danseurs : tout était là pour accueillir en grande pompe les visiteurs à l'aéroport international de Maurice le 1er octobre, à l'occasion de la grande réouverture tant attendue des frontières.
Après 18 mois de morosité, la vie a repris son cours avec une fébrilité et une excitation perceptibles auprès du personnel d'accueil, des chauffeurs de taxi et d'autres agents. Hormis les masques, les protocoles sanitaires et l'accueil festif, on aurait pu croire qu'aujourd'hui était un jour normal d'avant la pandémie, à l'aéroport de l'île touristique du sud-ouest de l'océan Indien.
Privée de touristes, Maurice a tourné au ralenti jusqu'à maintenant. Les autorités ayant préféré jouer la carte de la prudence, la réouverture s'est faite par phases.
"Nous avons procédé à une ouverture partielle le 15 juillet dernier afin de mettre en place les protocoles nécessaires. Aujourd'hui, nous sommes fin prêts pour accueillir nos visiteurs. Je suis ravi de voir qu'ils nous font toujours confiance. Les avions qui atterrissent depuis ce matin sont presque tous remplis", a assuré Arvind Bundhun, directeur de l'Office du Tourisme qui a fait le déplacement pour l'occasion.
Les passagers descendent à un rythme lent mais régulier en raison des protocoles plus stricts au niveau de l'immigration, mais ils sont heureux de fouler le sol mauricien à l'instar d'un Britannique, Piers Schmidt.
Visiteur régulier depuis 2001, il en est à près de 50 visites sur l'île. Sa dernière visite remonte à un mois de cela sous le régime de la quarantaine et il est heureux cette fois de ne pas être contraint d'en passer par là. Comparant ces deux voyages, il a noté une hausse de la fréquentation.
"D'un coup, il semble que tout le monde se met à voyager et que l'on se soit habitué aux protocoles sanitaires qui sont moins contraignants aujourd'hui. A Maurice, il y a un bon triage entre les personnes qui ne sont pas vaccinées et celles qui le sont", a-t-il fait remarquer. "Je suis très heureux de voir le gouvernement mauricien rouvrir les frontières en mettant en place les protocoles qui rassurent les voyageurs mais aussi en leur donnant la possibilité de venir en vacances et de passer un bon moment, de rencontrer les Mauriciens et tout ce que le pays peut offrir".
Le sentiment de joie est naturellement partagé par les Mauriciens à l'instar de Tashvinia, agent de contrôle chez Air Mauritius, la compagnie d'aviation nationale. "Je suis très heureuse que les frontières rouvrent aujourd'hui et que le travail reprenne. Je suis également rassurée que la compagnie ait pu être sauvée de la faillite grâce au plan d'aide du gouvernement", a-t-elle confié.
Air Mauritius avait été mis en liquidation volontaire l'année dernière à la suite de difficultés financières aggravées par la pandémie. Le gouvernement a apporté la semaine dernière un plan d'aide de 286 millions de dollars pour remettre à flot le transporteur, un acteur incontournable de l'industrie touristique.
Le soutien du gouvernement a aussi été capital pour les autres secteurs affectés par la crise et travaillant dans le tourisme, comme les taxis.
Sameer, chauffeur de taxi depuis six ans, avait le sourire ce matin. "Le gouvernement nous a aidés mais nous avons passé des moments difficiles. Aujourd'hui, les chauffeurs de taxi sentent que (la situation) peut changer. Je suis très heureux de voir les avions atterrir de nouveau. J'espère que le travail va pouvoir reprendre. Certes, ce n'est pas encore la même chose qu'avant la pandémie mais on sent que cela bouge dans le bon sens".
L'immobilisme semble effectivement oublié, en particulier dans les hôtels. Sur le chemin pour aller à la rencontre des employés et des touristes fraîchement débarqués, on a remarqué de nombreux taxis stationnant aux abords des hôtels à Trou d'eau Douce, Quatre Cocos et Poste de Flacq, des villages situés sur la côte est de Maurice.
Au Long Beach, un hôtel cinq étoiles du groupe Sun Resorts, c'était une ambiance festive qu'on a vécue : haie d'honneur, chants et cocktails.
Shirley Fareedun, responsable de ventes de l'établissement, ne cache pas son excitation. "Quand on a appris que l'hôtel allait rouvrir, cela a été un moment d'excitation mais on a su tout de suite qu'il y avait beaucoup de boulot, étant donné qu'on avait été fermé pendant 18 mois. Mais l'excitation a repris le dessus. On avait une vision: accueillir enfin nos clients. Les jours ont passé, on a commencé à remettre l'hôtel en état ; toute l'équipe est venue. A une semaine de l'ouverture, l'hôtel était une véritable fourmilière et même à la veille de l'ouverture tout le monde était là et on a travaillé jusqu'à fort tard. Pourtant ce matin, tout le monde a répondu présent avec le sourire, dans leurs beaux uniformes neufs et sans aucune trace de fatigue. C'est comme si on ouvrait un nouvel hôtel", a-t-elle assuré avec un sourire visible malgré son masque.
Selon elle, un nouveau mode d'opération qui a été accepté et qui permet d'entrevoir des jours meilleurs. "L'avenir s'annonce plutôt positif avec déjà 50% de réservations pour le mois d'octobre sans compter la clientèle locale et nous nous attendons à ce que ce chiffre aille en augmentant au cours des prochains mois", a-t-elle poursuivi.
Maurice semble effectivement avoir une bonne cote auprès des voyageurs, a assuré Piers Schmidt. "La réputation de Maurice n'a pas été affectée par la pandémie et elle reste une destination très attractive pour les Européens (Français, Britanniques, Allemands et Italiens en particulier). Les envies de voyage qui avaient été refoulées durant ces derniers mois sont de retour. L'île Maurice a un fort pouvoir d'attraction et de belles choses à proposer", a-t-il dit.
Après avoir bien géré la crise sanitaire, Maurice s'apprête ainsi à réussir la réouverture de son économie et retrouver le plus vite possible la situation d'avant la COVID-19. Antérieurement à la pandémie, le tourisme comptait pour 8% du PIB et employait quelque 100.000 personnes, soit près de 15% de la population active. Fin
