
Portée par le dynamisme du marché du jouet de collection, Pop Mart s'impose comme l'un des acteurs les plus en vue de cette tendance. Son personnage emblématique, Labubu, figure désormais parmi les figurines les plus recherchées en France.
BEIJING/PARIS, 4 décembre (Xinhua) -- Mi-lapin, mi-monstre, les peluches "Labubu" commercialisées par la marque chinoise Pop Mart, reconnaissables à leurs dents pointues et leur air espiègle, sont devenues en quelques mois un véritable phénomène de mode en France comme ailleurs, déchaînant les passions notamment chez les jeunes adultes et provoquent parfois de longues files d'attente pour se les procurer.
Cela s'inscrit dans une dynamique plus large : l'arrivée, sur le marché européen, d'une nouvelle génération de marques chinoises de retail créatif, qui s'appuient sur une esthétique mondiale et une narration de marque structurée.
Portée par le dynamisme du marché du jouet de collection, Pop Mart s'impose comme l'un des acteurs les plus en vue de cette tendance. Son personnage emblématique, Labubu, figure désormais parmi les figurines les plus recherchées en France.
Selon un sondage de l'institut d'opinion publique IFOP, environ cinq millions de Français collectionnent activement des figurines, Labubu occupant la troisième place des objets préférés, derrière Pokémon et Lego. Les recherches Google liées à Pop Mart ont bondi de 478% en trois ans, illustrant l'intérêt croissant du public, ont rapporté les médias français.
Miniso en est un autre exemple. L'enseigne grand public propose des gammes de produits étendues, des designs créatifs et des prix avantageux. Depuis son arrivée en 2020, Miniso a ouvert 25 boutiques en France. Sa boutique des Champs-Elysées, inaugurée en juin 2024, a enregistré le meilleur chiffre d'affaires du groupe en dehors de la Chine continentale.
Selon Wu Shiwei, professeur à la Silk Road Business School en France, ce modèle ne repose ni sur des prix bas ni sur des références culturelles traditionnelles, mais sur la capacité à proposer régulièrement des nouveautés tout en racontant une histoire autour de la marque. "Tout cela crée un écosystème créatif difficile à reproduire", a-t-il souligné.
Pop Mart applique cette approche à travers des projets d'animation, un parc à thème et des collaborations internationales avec des marques telles que Coca-Cola ou Uniqlo. Miniso suit une stratégie comparable, s'appuyant sur un réseau mondial d'une dizaine de bureaux de création et, en France, sur des collaborations avec de jeunes créateurs et artistes. Les collections thématiques et les partenariats avec des propriétés intellectuelles (Disney, Marvel, Sanrio etc.) enrichissent également l'expérience produit.
Selon M. Wu, cette combinaison de réactivité créative, d'efficacité logistique et de narration progressive constitue un atout pour les entreprises chinoises sur un marché européen en quête d'expériences complètes mêlant créativité, esthétique et qualité.
DU "MADE IN CHINA" AU "MADE BY CHINA"
L'essor des marques chinoises en France reflète une évolution profonde : la Chine ne se contente plus d'être l'"atelier du monde", elle promeut désormais un véritable "style de vie chinois". "Nous sommes entrés dans une phase où la valeur repose davantage sur l'innovation, le design et la présentation d'un style de vie", a observé M. Wu.
Cette transformation s'appuie sur la montée en puissance de l'automatisation, de la robotisation et des technologies numériques, qui permettent à l'industrie chinoise de se repositionner plus haut dans la chaîne de valeur et de soutenir des marques capables d'établir un lien émotionnel avec les consommateurs.
En plus, l'émergence d'icônes telles que Labubu, contribue à "donner une image plus branchée du pays (la Chine) à l'étranger", a analysé le journal Le Monde dans un reportage.
La radio généraliste publique France Inter a même décrit "la LabubuMania" de "point de bascule dans l'histoire du soft power chinois". "Avec Labubu, on passe du 'Made in China' (fabriqué en Chine) au 'Made by China (fabriqué par la Chine)'".■
