GENEVE, 7 mai (Xinhua) -- La politique tarifaire des Etats-Unis a créé une incertitude généralisée et reflète une approche conflictuelle du commerce mondial, a estimé Robert Wiest, président de la Chambre de commerce Suisse-Chine (SCCC), dans un entretien accordé récemment à Xinhua.
Les Etats-Unis ont reconnu s'être trop désindustrialisés, a noté M. Wiest, ajoutant qu'ils tentent désormais de ramener des emplois et la capacité industrielle en utilisant les droits de douane, qui sont "un outil très rudimentaire".
M. Wiest, qui vient de rentrer d'un voyage d'affaires de dix jours au Japon et en Chine, a critiqué le ton et l'orientation de la politique commerciale du gouvernement américain, la qualifiant de "certainement pas très productive" car, jusqu'à présent, elle n'a donné aucun résultat. Au contraire, elle a créé de l'incertitude et a éloigné non seulement les alliés mais aussi les partenaires commerciaux importants, a-t-il ajouté.
Une récente lettre d'information de la SCCC a décrit les différends tarifaires en cours comme ressemblant à "une négociation qui a mal commencé et qui continue de mal se dérouler".
Selon M. Wiest, les Etats-Unis auraient pu aborder la question de manière collaborative en engageant leurs alliés et partenaires dans un dialogue constructif. Toutefois, ils ont choisi d'ouvrir des négociations de manière très agressive, ce qui traduit un accent mis sur un résultat gagnant-perdant, une approche rarement propice à des discussions fructueuses, a-t-il déploré.
Dans un exemple notable, le président américain Donald Trump a imposé des droits de douane "réciproques" de 31% sur les importations en provenance de Suisse, bien supérieurs aux 20% appliqués à l'Union européenne (UE), avant d'annoncer une pause de 90 jours peu après.
"La Suisse a été prise de court par le niveau des droits de douane imposés", a affirmé M. Wiest, ajoutant que ce qui est encore plus dommageable que les droits de douane eux-mêmes, c'est l'incertitude qu'ils créent pour les entreprises.
Actuellement, un droit de douane de 10% reste en vigueur. Combinées à la force du franc suisse par rapport au dollar américain, les pressions sur les coûts rendent la compétitivité des entreprises suisses encore plus difficile sur le marché américain, a expliqué M. Wiest.
Les exportations constituent une pierre angulaire de l'économie suisse, représentant environ 80% de son produit intérieur brut. Sur ce total, 55% sont destinés à l'UE, 15% aux Etats-Unis et 5% à la Chine.
Le marché américain devenant moins stable, les traités bilatéraux de la Suisse avec l'UE ainsi que son accord de libre-échange avec la Chine prennent une importance accrue, a-t-il souligné.
"Les Etats-Unis ne représentent qu'environ 13% du commerce mondial", a rappelé M. Wiest. "Oui, c'est un marché important pour la Suisse. Mais s'il venait à se fermer complètement, il y aurait des perturbations pendant trois ou quatre ans, après quoi des marchés alternatifs pourraient être développés pour compenser la perte", a-t-il signalé.
Concernant les droits de douane américains visant la Chine, M. Wiest a souligné que celle-ci a réalisé des progrès significatifs dans la diversification de sa base industrielle. Dans le domaine des technologies écologiques, notamment les panneaux solaires et les éoliennes, des marchés émergents comme le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Amérique latine sont devenus des destinations clés. Par conséquent, a-t-il poursuivi, les droits de douane américains sur les exportations chinoises de technologies vertes auront un impact limité.
En outre, la Chine progresse également dans la chaîne de valeur au-delà de la simple production à bas coût, a remarqué M. Wiest. Dans le secteur des véhicules électriques, par exemple, la Chine a mis en place une chaîne de valeur entièrement intégrée de la production de batteries à la conception, à la fabrication et à la vente mondiale des véhicules, a-t-il cité.
Selon lui, la Chine devient de plus en plus attractive pour les industries suisses telles que la machinerie, les produits pharmaceutiques et l'horlogerie de luxe, en raison d'un environnement des affaires en amélioration et d'opportunités croissantes.
La SCCC continuera à renforcer ses liens avec les gouvernements suisse et chinois pour soutenir ses membres face aux incertitudes persistantes du commerce mondial, a conclu M. Wiest. Fin

