KHARTOUM, 6 mai (Xinhua) -- Le gouvernement soudanais a annoncé mardi qu'il avait rompu ses relations diplomatiques avec les Emirats arabes unis (EAU) et rappelé son ambassadeur, affirmant que les EAU étaient un "Etat agresseur".
Le ministre de la Défense Yassin Ibrahim Yassin, s'exprimant sur une chaîne d'Etat, a accusé Abou Dhabi de violer par proxy la souveraineté du Soudan en se servant des Forces de soutien rapide (RSF).
Il a déclaré que cette décision était motivée par ce que le Soudan considère comme "le soutien militaire des Emirats arabes unis aux RSF", notamment en leur fournissant les armes sophistiquées utilisées lors des récentes frappes de drones et de missiles contre le port, l'aéroport et les centrales électriques de Port-Soudan.
Dans le communiqué, le Soudan a déclaré que l'escalade à Port-Soudan "menaçait la sécurité régionale et internationale, en particulier en mer Rouge", et a invoqué l'article 51 de la Charte des Nations unies pour réaffirmer le droit du Soudan à la légitime défense.
Le Soudan a déclaré qu'il "se réservait le droit de riposter à l'agression par tous les moyens afin de préserver sa souveraineté et son intégrité territoriale".
Cette décision intervient dans le contexte de la guerre civile qui fait rage depuis deux ans entre l'armée régulière (SAF) et les RSF. Le conflit, qui a débuté en avril 2023, a été causé par des désaccords sur la transition du Soudan vers un régime civil. Les combats ont détruit de nombreuses villes et déplacé des millions de personnes.
Les Nations unies affirment que plus de la moitié des 46 millions d'habitants du Soudan - soit environ 25 millions de personnes - ont besoin d'une aide d'urgence, et l'état de famine a été confirmé dans plusieurs régions, comme le Darfour. Des groupes de défense des droits de l'homme affirment que des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et qu'environ 15 millions de personnes ont été déplacées par le conflit.
Les Emirats arabes unis ont nié à plusieurs reprises les allégations soudanaises selon lesquelles ils auraient armé les RSF. Un responsable du ministère émirati des Affaires étrangères a déclaré à la Cour internationale de justice en avril que les allégations de complicité des EAU étaient "totalement infondées".
Le Conseil de défense du Soudan a néanmoins qualifié les actions des Emirats arabes unis "d'acte d'agression manifeste", et a clairement indiqué que Khartoum riposterait en cas d'attaque. Aucune réponse immédiate n'a été signalée du côté des RSF.
Au niveau international, le récent bombardement de Port-Soudan a suscité la condamnation de l'Egypte et de l'Arabie saoudite, ainsi que l'inquiétude des Nations unies. Les organisations humanitaires ont averti que les attaques et les combats en cours aggravaient la crise au Soudan. La Croix-Rouge a souligné que les frappes intensives de drones et les coupures de courant renforçaient en outre une situation catastrophique, qui a déjà contraint des millions de personnes à fuir leur foyer. Fin
