(Avis d'invités) VE chinois : une opportunité de coopération gagnant-gagnant au lieu d'un jeu à somme nulle pour l'Europe - Xinhua - french.news.cn

(Avis d'invités) VE chinois : une opportunité de coopération gagnant-gagnant au lieu d'un jeu à somme nulle pour l'Europe

French.news.cn | 2025-02-13 à 13:19

Par Wen Sheng

Le 27 janvier, un porte-parole de la Commission européenne a confirmé que Tesla et BMW ont déposé des plaintes auprès de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour contester les tarifs douaniers sur les véhicules électriques (VE) chinois. Après plusieurs mois de tensions commerciales, les entreprises européennes et américaines commencent à éprouver du mécontentement suite à la décision de l'UE et posent des questions.

Pourtant, certains au sein de l'UE continuent de penser que l'essor spectaculaire de l'industrie chinoise des VE, alimenté par des "subventions", aurait conduit à la domination chinoise sur le marché européen, faussant ainsi la concurrence et affaiblissant la compétitivité des constructeurs locaux. Selon eux, l'Europe doit recourir aux "droits compensateurs" afin de créer un environnement de "concurrence loyale" pour ses entreprises. Mais l'idée que le succès des VE chinois repose sur des subventions est erronée.

UN SUCCES BASE SUR DES PROGRES TECHNOLOGIQUES ET DES AVANTAGES SUR LA CHAINE D'APPROVISIONNEMENT

Si ce succès s'est construit, c'est avant tout grâce à des progrès technologiques et à des avantages concurrentiels sur la chaîne d'approvisionnement. Face à une concurrence féroce, les entreprises chinoises ont mis près de dix ans pour réaliser des avancées technologiques, "dépasser dans les virages" et gagner leur place sur le marché international. La position clé de la Chine dans la chaîne d'approvisionnement des VE se traduit non seulement par sa capacité de production de batteries, mais aussi par celle des composants nécessaires à la fabrication automobile, car les entreprises chinoises représentent plus des deux tiers du marché mondial.

Selon les statistiques de SNE Research, un institut de recherche de la République de Corée, en 2024, six des dix principaux fabricants mondiaux de batteries étaient chinois, dont CATL et BYD, qui détiennent à elles seules plus de la moitié des parts de marché mondiales. Ce succès repose sur l'importance que la Chine accorde aux énergies nouvelles, son engagement pour un développement vert et une chaîne industrielle complète qu'elle possède pour soutenir ce marché immense. En 2023, le gouvernement chinois a lancé "le Plan d'action pour l'amélioration continue de la qualité de l'air", soulignant la nécessité d'augmenter la part des VE dans les transports publics et de favoriser l'utilisation de véhicules plus propres. En une décennie, plus de 70 mesures ont été prises pour le développement des véhicules à énergies nouvelles, constituant un système de soutien complet. Avec des investissements massifs dans les technologies d'énergies renouvelables, la Chine a assumé sa responsabilité de grand pays pour la construction d'un monde propre et beau.

LA FERMETURE NE CONDUIT QU'A LA REGRESSION TANDIS QUE L'OUVERTURE MENE AU PROGRES

Comme l'a pleinement démontré l'histoire moderne de la Chine, la fermeture conduit à la régression tandis que l'ouverture mène au progrès. Lors du 90e édition du Mondial de l'Auto de Paris en 2024, neuf des 48 exposants étaient chinois. Les VE chinois offrent des options au meilleur rapport qualité-prix aux consommateurs européens, qui devraient pourtant payer plus cher à cause de la surtaxe. Ces tarifs douaniers supplémentaires risquent également de ralentir le développement des constructeurs européens. La production de VE repose sur toute une chaîne d'approvisionnement, d'amont en aval. L'augmentation des droits de douane pousserait les fabricants chinois à réorganiser leurs activités, et dans ce cas-là, l'Europe ne pourra que rater les investissements chinois ainsi que les opportunités de l'innovation technologique en Chine, ce qui affaiblira la capacité d'innovation et la vitalité industrielle dont les constructeurs européens ont le plus besoin. En outre, surtaxer les VE chinois va à l'encontre des engagements de l'UE en matière de transition verte et pourra compromettre les efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique.

D'où vient cette accusation de "subventions chinoises" ? Tout a commencé avec une certaine idée de "surcapacité industrielle chinoise", initialement avancée par les Etats-Unis. Washington avait été le premier à dire vouloir enquêter sur la prétendue surproduction chinoise dans le secteur des VE, une position reprise par la Commission européenne, qui a ensuite adopté la décision d'instaurer des droits de douane supplémentaires. Or, si l'on regarde de plus près, on verra que les allégations des Etats-Unis sont totalement injustifiées. Selon une étude de l'Agence internationale de l'énergie, pour atteindre les objectifs de neutralité carbone, la demande mondiale de VE devrait atteindre environ 45 millions d'ici 2030, soit plus de trois fois que le niveau de 2023 et bien au-delà de l'approvisionnement actuel. Loin d'une "surproduction", les capacités actuelles des secteurs écologiques restent insuffisantes. Sans mener des recherches plus poussées, l'UE a décidé de suivre à la hâte la position américaine et d'ignorer les appels de ses propres Etats membres. Les dirigeants de plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, la Slovaquie et la Suède, ont maintes fois souligné l'importance de la coopération sino-européenne dans le domaine des VE pour leurs pays respectifs et pour l'Europe. L'UE devrait se mettre davantage à l'écoute de ses propres membres, et non d'un pays éloigné comme les Etats-Unis.

UNE COOPERATION INDISPENSABLE TANT POUR LA CHINE QUE POUR L'UE

Fervent défenseur de l'"Amérique d'abord", la nouvelle administration américaine ne prendra jamais en compte les intérêts de l'Europe. Dans ce contexte, la coopération sino-européenne revêt une importance particulière. Cependant, l'augmentation de droits de douane a porté atteinte à la confiance politique mutuelle. En réponse à la décision de l'UE, la Chine a pris des contre-mesures sur le brandy européen, et l'industrie du cognac est ainsi devenue victime des tensions commerciales.

Mais une chose est sûre, c'est que la Chine reste attachée à la coopération économique et commerciale avec l'Europe, et elle gardera ses portes grandes ouvertes. Dans le même temps, elle attend de l'UE qu'elle offre aux entreprises chinoises un environnement d'affaires juste et équitable. La Chine sera toujours amie de l'Europe et espère que l'Europe fera preuve d'équité, afin d'agrandir ensemble le gâteau de l'industrie des VE.

La Chine et l'Europe, deux grands marchés du monde, sont suffisamment vastes pour accueillir les entreprises automobiles chinoises et européennes. Il y a de grands espaces pour la coopération sino-européenne. Le développement des VE chinois ne représente pas une menace pour l'UE, mais un atout pour atteindre ses objectifs de transition écologique grâce à des partenariats technologiques et commerciaux. L'UE ne doit pas laisser une vision court-termiste compromettre ses intérêts à long terme. Réputée pour son attachement à l'économie de marché et au libre-échange, elle devrait vraiment comprendre les choix des consommateurs et les besoins réels des entreprises. Il est donc souhaitable que l'UE parvienne rapidement à un accord avec la Chine pour supprimer la surtaxe sur les VE et ouvrir ensemble une voie de coopération d'égal à égal et de développement commun. Fin

Note de la rédaction : Wen Sheng est spécialiste en relations internationales basé à Beijing.

Les opinions exprimées dans cette tribune sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l'agence de presse Xinhua.

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