BEIJING, 8 février (Xinhua) -- Alors que la Chine continue de mettre en valeur son patrimoine culturel immatériel (PCI), les jeunes générations s'impliquent activement dans la préservation et l'innovation de ces traditions séculaires. Grâce à leur créativité et à leur engagement, le PCI trouve une nouvelle résonance dans la société contemporaine, tout en conservant son essence et sa profondeur historique.
Pour Chen Yingjie, directrice du programme de protection du patrimoine culturel immatériel à l'Université normale du Zhejiang, l'implication des jeunes dans la découverte et l'appréciation du PCI dépasse largement une simple mission de préservation culturelle. "Il s'agit de former une génération ancrée dans sa culture, tout en étant tournée vers l'innovation", explique-t-elle. Selon elle, le PCI, qui englobe des domaines variés tels que la littérature populaire, les arts traditionnels, la médecine chinoise et les coutumes locales, constitue une fenêtre unique sur plusieurs millénaires d'histoire et de savoir-faire.
En 2023, l'Université normale du Zhejiang a lancé le premier programme de licence en "sauvegarde du patrimoine culturel immatériel" de la province. Yang Leyi, l'une des premières étudiantes inscrites, partage son expérience : "Au départ, ma compréhension du PCI était floue. Je connaissais quelques éléments comme l'opéra Kunqu, l'opéra de Pékin ou la calligraphie, mais je ne mesurais pas leur importance culturelle et historique." Après deux années d'études, elle a acquis une compréhension bien plus approfondie de ces traditions.
Parmi ses premiers projets pratiques, elle a découvert la vannerie en bambou. "Au début, je ne savais rien faire. J'ai essayé d'apprendre en regardant des vidéos en ligne, mais c'était compliqué. Ce n'est qu'en participant à des cours pratiques avec des artisans traditionnels que j'ai vraiment saisi la complexité de cet art et l'esprit artisanal qu'il incarne", raconte-t-elle. Cette expérience a renforcé davantage sa volonté de promouvoir cet art ancestral.
Le gouvernement chinois soutient activement ces initiatives. En juin 2022, le ministère de la Culture et du Tourisme, accompagné de neuf autres départements, a publié une directive encourageant les universités et les écoles professionnelles à proposer des programmes liés aux arts traditionnels. L'objectif est de former des professionnels compétents dans la conception, la gestion et la promotion du PCI.
A l'Université des arts de Shanghai, Zhang Lili, vice-doyenne de la faculté des beaux-arts, incite ses étudiants à réinterpréter les traditions chinoises dans un cadre contemporain. Chaque année, elle leur confie la mission de créer des estampes traditionnelles du Nouvel An chinois en y intégrant des éléments modernes. Les résultats sont souvent surprenants : des "dieux protecteurs" armés d'un fouet à œufs ou d'un pinceau, ou encore des motifs traditionnels revisités avec des influences futuristes.
"Les jeunes, qu'il s'agisse des héritiers du PCI ou des étudiants, ont une esthétique unique. Ils sont attirés par des styles modernes comme le cyberpunk, mais restent profondément attachés aux éléments traditionnels chinois", observe Zhang Lili.
Cui Hui, étudiante en master à l'Université des arts de Shanghai, a découvert en cours la poterie noire, un artisanat vieux de 600 ans originaire du Qinghai (nord-ouest de la Chine). Fascinée par les techniques ancestrales et la beauté brute de cet art, elle a choisi de l'intégrer dans des designs contemporains. Avec son équipe, elle a conçu une série de vases inspirés des paysages majestueux du Qinghai, intitulée "Sans distinction de couleur". "Nous voulons faire découvrir la beauté singulière de la poterie noire et la culture locale à un public plus large", explique-t-elle.
Chang Huixuan, enseignante de langue chinoise à l'université, utilise également le PCI pour enrichir ses cours. En intégrant des éléments comme la musique traditionnelle, la danse ou l'artisanat dans l'étude de la littérature classique, elle parvient à captiver l'attention de ses étudiants. "Les jeunes sont curieux et créatifs. Ils ont besoin de voir, de toucher et de ressentir pour comprendre pleinement la culture", explique-t-elle.
Récemment, Mme Chang a organisé un festival culturel sur le thème des traditions chinoises, où ses étudiants ont pu s'initier à la calligraphie, à la peinture, à la gravure et à la cérémonie du thé. "Ces expériences pratiques leur permettent de s'approprier la culture et de la réinterpréter à leur manière", ajoute-t-elle.
Pour Chen Yingjie, cet engagement des jeunes est porteur d'espoir. "Ils possèdent une énergie incroyable et une volonté sincère de contribuer à l'innovation culturelle. Leur approche ne se limite pas à la technique ; ils s'intéressent également aux personnes et aux histoires derrière chaque tradition, ce qui est essentiel pour une transmission vivante et durable du PCI." ■
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