KAZAN (Russie), 24 octobre (Xinhua) -- A l'occasion de leur premier sommet en présentiel depuis l'expansion des BRICS, les pays membres de ce groupe ont entamé un nouveau chapitre, consolidant leur influence croissante sur la scène mondiale. Le président chinois Xi Jinping, qui s'est adressé mercredi aux dirigeants dans un format élargi, a suggéré de construire des BRICS engagés en faveur de la paix, de l'innovation, du développement vert, de la justice et d'échanges plus étroits entre les peuples.
"Nous devons saisir l'opportunité offerte par ce sommet (...) et avancer résolument à l'unisson pour un nouveau départ collectif", a-t-il dit. "La Chine entend travailler avec les pays du BRICS pour ouvrir de nouvelles perspectives au développement de qualité d'une coopération BRICS plus vaste".
Le 16e sommet du bloc, organisé cette année à Kazan en Russie, a également marqué un autre progrès majeur avec la décision d'inviter un certain nombre de nations en tant que pays partenaires, faisant ainsi progresser le développement du groupe.
L'intérêt croissant des pays cherchant à rejoindre la coopération des BRICS chaque année démontre que dans le monde troublé d'aujourd'hui, ce groupe est important et essentiel, analyse Bunn Nagara, directeur et chercheur principal au Belt and Road Initiative Caucus for Asia-Pacific.
Selon lui, "la Chine, dirigée par le président Xi, a contribué de manière significative au succès des BRICS avec une approche progressive et éclairée".
Au cours des réunions de mercredi, les dirigeants ont échangé leurs points de vue sur la coopération des BRICS et les questions internationales clés sous le thème "Renforcer le multilatéralisme pour un développement et une sécurité mondiales justes", en se concentrant sur la sécurité mondiale et régionale, le développement durable, le changement climatique et les réformes de la gouvernance économique mondiale.
Le sommet a mis l'accent sur un appel à un financement accru pour soutenir le développement durable dans les pays en développement. Le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi a estimé que les BRICS étaient prêts à "renforcer un système international multipolaire", notamment grâce à un financement "innovant et efficace" pour ces pays.
Le président russe Vladimir Poutine, qui a présidé le sommet de Kazan, a prédit que "la tendance au rôle de premier plan des BRICS dans l'économie mondiale ne fera que se renforcer".
Il a mis en garde contre les risques permanents liés aux tensions géopolitiques et à la montée des sanctions unilatérales et du protectionnisme, soulignant qu'"une tâche essentielle consiste à promouvoir l'utilisation des devises nationales pour financer le commerce et les investissements".
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui a participé au sommet par liaison vidéo en raison d'un traumatisme crânien, s'est fait l'écho de ce sentiment. "Il ne s'agit pas de remplacer nos devises, mais nous devons faire en sorte que l'ordre multipolaire auquel nous aspirons se reflète dans le système financier international", a-t-il plaidé.
Les BRICS ont déjà fait des progrès avec la Nouvelle banque de développement (NDB), dont le siège est à Shanghai. Ils sont convenus mercredi de soutenir la NDB dans la mise en œuvre de sa stratégie générale pour 2022-2026 et dans l'expansion du financement en devises locales.
Dans une déclaration publiée lors du sommet, les dirigeants sont également convenus de faire de la NDB un nouveau type de banque multilatérale de développement pour le XXIe siècle, de soutenir l'élargissement du nombre de ses membres et d'accélérer l'examen des demandes d'adhésion des pays des BRICS, conformément à sa stratégie générale et aux politiques qui s'y rapportent.
Les pays membres des BRICS ont été également encouragés à renforcer la coopération financière et à promouvoir les règlements en devises locales, selon la déclaration.
A Kazan, ils ont aussi souligné la nécessité d'un ordre mondial plus équitable pour les pays du Sud. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a estimé que les BRICS constituaient une formation inclusive capable de changer la trajectoire du Sud. "Pour ce faire, nous devons réaliser le plein potentiel de notre partenariat économique, afin d'assurer un développement durable pour tous et pas seulement pour quelques-uns", a-t-il dit.
"La période de l'unilatéralisme touche à sa fin", a assuré le président iranien Massoud Pezeshkian, appelant à un système mondial plus équitable.
Plusieurs intervenants ont également souligné la nécessité de responsabilités différenciées dans la lutte contre le changement climatique, en insistant sur le fait que les efforts de réduction des émissions des pays en développement devraient être adaptés à leurs capacités.
Les BRICS, initialement connus sous l'acronyme BRIC lorsqu'il a été inventé en 2001 par Jim O'Neill, ancien économiste en chef de Goldman Sachs, représentaient à l'origine les économies de marché émergentes du Brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine. L'Afrique du Sud a rejoint ce groupe en 2010, formant ainsi officiellement les BRICS.
Dans une récente interview accordée à Xinhua, M. O'Neill a reconnu la nécessité pour les décideurs politiques de collaborer à la création d'un système optimal qui profite à tous. "Je pense qu'au fil du temps, nous trouverons un nouvel équilibre dans lequel les pays seront plus à l'aise avec ce que font les autres pays", a-t-il dit.
Outre les nouveaux membres à part entière arrivés le 1er janvier dernier, plus de 30 pays, dont la Thaïlande, la Malaisie, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ont officiellement demandé à devenir membres des BRICS ou ont exprimé leur intérêt à cet égard. De nombreux autres pays en développement cherchent à approfondir leur coopération avec le groupe.
Les observateurs considèrent les BRICS comme une plateforme vitale pour la croissance des pays en développement. Ahmed Al-Ali, chercheur en politique et en stratégie au Gulf Research Center de Dubaï, note que les BRICS visent à promouvoir un système international plus équitable, plus efficace et plus rationnel.
Pour lui, ce groupe jouera un rôle crucial dans la promotion du développement et des opportunités de croissance pour les pays du Sud, tout en assurant la durabilité du progrès économique et social.
Faisant écho à ce point de vue, Sithembiso Bhengu, chercheur principal au département de sociologie de l'Université de Johannesburg, pense que "le mécanisme des BRICS offre de réelles possibilités de faire de la planète une communauté de nations plus équitable, avec des possibilités de soutien mutuel et de coopération pour atteindre nos objectifs respectifs en matière de modernisation et de développement". Fin