Par Sithembiso Bhengu
Le monde attend cette semaine à Kazan, en Russie, le tout premier sommet des BRICS après l'élargissement du groupe.
Ce 16e sommet fait suite à une édition historique qui s'était tenue en Afrique du Sud l'année dernière, au cours de laquelle le monde avait pu découvrir de nouveaux membres rejoignant le mécanisme des BRICS.
Ces dernières années, les BRICS se sont développés à pas de géant, devenant une plateforme essentielle pour promouvoir le multilatéralisme et la multipolarité afin d'atteindre des objectifs mutuels en matière de développement, de paix durable et de garantie d'un avenir pour l'humanité.
Le 16e sommet se tient dans un contexte de militarisation croissante des affaires politiques et commerciales et d'escalade des conflits à travers le monde, principalement catalysés par le complexe militaro-industriel américain, de plus en plus assoiffé de guerre, l'OTAN et ses alliés occidentaux, qui ont laissé les tensions s'envenimer et ont même parrainé des conflits militaires.
Dans ce contexte, le prochain sommet doit permettre de faire taire les armes et d'amener les factions belligérantes à un règlement négociable.
En préparation du sommet, la Russie, qui en assure la présidence, a déjà organisé de nombreuses sessions visant à renforcer les possibilités de coopération entre les pays des BRICS.
L'une d'entre elles est une réunion en ligne sur le fonctionnement du Centre de R&D sur les vaccins des BRICS, qui s'est tenue en septembre dernier, avec un accent particulier sur l'accès équitable aux vaccins contre les maladies infectieuses dans le monde, et sur la nécessité d'une coopération internationale pour répondre avec succès aux nouveaux défis, y compris une réponse coordonnée aux menaces posées par la "maladie X".
Cette réunion a été suivie d'une réunion des ministres chargés des Affaires féminines des pays des BRICS à Saint-Pétersbourg, en Russie, le 20 septembre, afin d'identifier les "domaines d'interaction" dans la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies, avec son cinquième objectif en particulier pour autonomiser toutes les femmes et les filles et parvenir à l'égalité entre hommes et femmes.
Le 26 septembre 2024, la 9e réunion des ministres de l'Energie des BRICS s'est tenue à Moscou, en Russie. La réunion est convenue d'un lien mutuel entre les agendas énergétique et climatique, et que les objectifs et tâches climatiques ne devraient pas entraver le développement économique des pays respectifs.
Depuis qu'elle a pris la présidence tournante du bloc pour 2024, la Russie a défini trois groupes de priorités, à savoir la politique et la sécurité, la coopération économique et financière, ainsi que les échanges humanitaires et culturels.
Le pays de présidence tournante propose aux BRICS de contrer la fragmentation du système commercial multilatéral, de résister à la montée du protectionnisme et de s'opposer aux restrictions commerciales unilatérales, de renforcer la coordination sur les plateformes multilatérales telles que l'Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international et le G20, ainsi que d'augmenter les volumes d'échanges et les investissements directs.
D'autres objectifs dans le domaine économique comprennent la promotion d'une transition équitable vers une économie à faible émission de carbone et le renforcement de la coopération dans divers domaines tels que l'industrie et la numérisation, l'agriculture et la sécurité alimentaire, l'énergie et les transports.
Dans les domaines humanitaire et culturel, les BRICS visent à stimuler la coopération en matière d'éducation, notamment par le biais de l'Université du réseau BRICS et de programmes d'enseignement technique et professionnel. La collaboration entre les jeunes scientifiques et les innovateurs sera renforcée et les échanges culturels seront intensifiés. La coopération régionale entre les villes et les municipalités des BRICS sera également élargie, et des efforts accrus seront déployés pour promouvoir le tourisme.
Avec une représentativité élargie, le mécanisme des BRICS offre actuellement de réelles possibilités de faire de la planète une communauté de pays plus équitable, avec des possibilités de soutien mutuel et de coopération pour atteindre nos objectifs respectifs en matière de modernisation et de développement. L'un des points communs sur lesquels s'appuiera le 16e sommet est notre croyance dans le respect mutuel de chaque Etat membre et dans le respect de la souveraineté de chaque pays et du droit de son peuple à l'autodétermination.
Le prochain sommet des BRICS devrait déboucher sur un engagement contraignant des dirigeants des pays participants à mettre en place des mécanismes de coopération commerciale plus poussée et à créer des institutions technologiques et financières qui renforcent les échanges. En outre, ces efforts faciliteront le transfert de compétences et de technologies entre les pays membres.
Le sommet devrait également ouvrir la voie à une croissance exponentielle du commerce bilatéral et multilatéral entre les économies des BRICS et renforcer l'avantage concurrentiel des Etats membres des BRICS dans le commerce mondial. Plus que tout, le sommet devrait préconiser des solutions et des mécanismes concrets pour mettre fin aux conflits et instaurer la paix, car la paix est une condition irremplaçable du développement et de la prospérité communs.
Note de la rédaction : Sithembiso Bhengu est directeur de l'Institut Chris Hani et chercheur principal au département de sociologie de l'Université de Johannesburg.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement les positions de l'Agence de presse Xinhua. Fin