Avec l'assistance technique, la construction de chaînes industrielles et l'expansion des marchés, la Chine a non seulement augmenté la productivité agricole, mais aussi favorisé la modernisation de l'agriculture africaine.
NAIROBI, 12 juin (Xinhua) -- En juin, la saison des pluies marque le début des semailles de coton au Bénin. Donatien Ezin, agriculteur du village de Belle-Cité, près de Parakou, une région centrale importante pour la production de coton du pays, demande à son fils aîné d'apporter des outils agricoles pour ameublir le sol dans le champ d'arachides derrière leur maison.
Grâce à l'aide de la Mission chinoise d'appui à la production cotonnière au Bénin, Ezin n'a plus à travailler dur avec sa famille pour cultiver à la main son champ de coton de six hectares. "Les experts agricoles chinois ont introduit la plantation mécanisée du coton, ce qui a considérablement amélioré l'efficacité de la plantation", explique ce père de 37 ans.
Avec l'assistance technique, la construction de chaînes industrielles et l'expansion des marchés, la Chine a non seulement augmenté la productivité agricole, mais aussi favorisé la modernisation de l'agriculture africaine.
AUGMENTATION DES RENDEMENTS ET DES VARIETES
Le cultivateur de coton béninois Ezin est l'un des millions de petits exploitants agricoles africains bénéficiant des technologies chinoises introduites en Afrique. Au cours de la dernière décennie, la Chine a construit 24 centres de démonstration de technologies agricoles en Afrique, promu plus de 300 technologies agricoles avancées et stimulé les rendements des cultures locales de 30% à 60% en moyenne.
A l'intérieur du centre de démonstration des technologies agricoles près d'Abuja, au Nigeria, des experts chinois inspectent soigneusement le riz fraîchement récolté.
Après des années de travail acharné, les experts de Green Agriculture West Africa Ltd (GAWAL) ont sélectionné et cultivé une semence de riz adaptée aux conditions locales, offrant un rendement supérieur de plus de 20% par rapport aux variétés locales. Cette semence a été validée par le ministère nigérian de l'Agriculture et est désormais cultivée dans les deux tiers des Etats du pays.
Lawal Musa, agriculteur à Jigawa, dans le nord du Nigeria, cultive cette semence depuis plusieurs années. "Ces semences sont très productives, résistantes aux maladies et à la sécheresse", dit-il, ajoutant : "Grâce à la coopération avec la Chine, le Nigeria pourra atteindre l'autosuffisance alimentaire à l'avenir".
L'entreprise chinoise GAWAL, l'une des plus grandes entreprises de semences du Nigeria, participe à un projet gouvernemental fournissant plus de 30.000 tonnes de semences à plus de 30 Etats du pays, contribuant à augmenter la production de riz de plus de 2 millions de tonnes.
SECURITE ALIMENTAIRE ET DEVELOPPEMENT DURABLE
L'Afrique, majoritairement dominée par l'agriculture pluviale, fait face à des contraintes économiques et institutionnelles limitant les interventions techniques. Le changement climatique aggrave cette fragilité.
Les experts agricoles chinois ont amélioré les rendements et la qualité de cultures clés telles que le riz, le manioc et le soja, renforçant ainsi la sécurité alimentaire et promouvant le développement durable de l'agriculture locale.
La Chine a également introduit de nouvelles variétés de légumes et de fruits en Afrique, enrichissant l'alimentation des populations locales et ouvrant de nouvelles perspectives pour le développement agricole.
A Kigali, au Rwanda, Leonidas Mushimiyimana dirige le plus grand atelier de culture de champignons de la région, qui emploie des dizaines de personnes, après s'être formé en Chine à la technologie Juncao.
"Les Rwandais n'avaient pas l'habitude de manger des champignons, mais aujourd'hui, ils sont devenus un aliment populaire", explique l'entrepreneur.
La technologie Juncao, une herbe hybride développée en Chine, permet de cultiver des champignons, de nourrir les animaux et de lutter contre l'érosion des sols. Au Rwanda, plus de 4.000 ménages agricoles bénéficient de cette technologie, créant ainsi des emplois pour plus de 30.000 personnes.
M. Mushimiyimana envisage maintenant de transformer les champignons frais en produits dérivés pour les vendre sur des marchés étrangers, espérant ainsi enrichir sa communauté.
Depuis 2000, la technologie Juncao s'est répandues à 106 pays et des centres de démonstration ont été établis dans 17 pays, dont le Rwanda et la République centrafricaine, ce qui a permis d'augmenter les revenus de la population locale.
Eric Rokassé Kamo, ancien ministre de l'Agriculture et du Développement rural de la République centrafricaine, loue la technologie Juncao pour sa contribution à la création d'emplois et à l'augmentation des revenus.
VERS UNE VALEUR AJOUTEE ACCRUE
La coopération agricole entre la Chine et l'Afrique ne se limite pas aux terres agricoles, mais s'étend à toute la chaîne industrielle. Cette collaboration renforce la capacité de transformation des produits agricoles et la valeur ajoutée, améliorant ainsi les revenus des agriculteurs africains.
En Côte d'Ivoire, lors de la saison de coupe du caoutchouc, des camions font la queue devant l'usine de Mainland Group à Dabou pour livrer les récoltes à cette usine chinoise. Les matières premières sont transformées en caoutchouc standard, puis expédiées en Chine pour transformation ultérieure.
La Côte d'Ivoire, principal producteur de caoutchouc naturel en Afrique, a longtemps exporté des matières premières faute de dispositions de transformation.
Brou Bonaventure, du Fonds interprofessionnel ivoirien pour la recherche et le conseil agricoles, note que l'usine chinoise a augmenté la capacité locale de transformation du caoutchouc et fourni un débouché stable et à un prix équitable aux agriculteurs.
D'autres usines de caoutchouc et d'huile de palme construites par des entreprises chinoises ouvriront bientôt en Côte d'Ivoire. Edmond Coulibaly, représentant du ministre ivoirien de l'Agriculture, espère que la Chine continuera à transférer technologie et expertise aux agriculteurs ivoiriens.
UNE PLUS GRANDE OUVERTURE
La Chine favorise également l'importation sur son marché de produits agricoles africains de haute qualité. Les exportations agricoles africaines vers la Chine ont fortement augmenté, faisant de la Chine le deuxième marché des exportations agricoles africaines.
Le "canal vert" du gouvernement chinois pour les produits agricoles africains a facilité cette expansion, réduisant les délais d'inspection et de quarantaine et élargissant les exemptions tarifaires.
Grâce à des mesures de promotion commerciale, des produits comme les fleurs, les avocats, les agrumes, les ananas et le café trouvent désormais un marché en Chine.
Huang Zinan, présidente d'Hunan Xiyue Culture Media Co. Ltd., coopère avec sept fermes florales au Kenya, vendant 100.000 fleurs par mois. Elle envisage d'aider les coopératives kenyanes à développer des produits dérivés comme les huiles essentielles et l'eau florale pour augmenter la valeur ajoutée et la compétitivité des fleurs kenyanes.
En juin 2023, seize produits agricoles de onze pays africains ont accédé à la Chine via le "canal vert", augmentant leur visibilité internationale grâce à des plateformes comme l'Exposition internationale d'importation de Chine et l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique.
Laila Lokosang, conseiller technique à l'Union africaine, imagine que la connexion directe d'un village africain de producteurs de café au marché mondial pourrait sortir ce village de la pauvreté.■