PARIS, 28 janvier (Xinhua) -- Le 60e anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises est une occasion de renforcer les liens bilatéraux et l'influence conjointe de la France et de la Chine, a déclaré Eric Alauzet, président du groupe d'amitié France-Chine de l'Assemblée nationale française.
L'année 2024 est importante tant pour la France que pour la Chine, a-t-il estimé, au cours d'une interview exclusive récemment accordée à Xinhua à Paris. "Soixante, c'est un chiffre extrêmement important en Chine. C'est la fin d'un cycle. C'est aussi le début d'un nouveau cycle, d'une nouvelle ère", a-t-il observé. "Ce 60e anniversaire va nous consolider dans notre histoire commune."
La passion de M. Alauzet pour la culture chinoise a commencé par la médecine chinoise et en particulier par l'acupuncture. Alors qu'il terminait ses études de médecine à Paris, l'université de Bobigny a ouvert son enseignement aux médecines dites alternatives, dont l'acupuncture.
"Il y avait un petit cursus commun qui nous permettait de balayer l'ensemble des médecines. J'ai tout de suite eu un intérêt très fort pour l'acupuncture. Pourquoi ? Parce que j'avais cette sensibilité de considérer la santé d'un point de vue global. On parle de 'One Health' aujourd'hui, c'est-à-dire une seule santé", une approche intégrée qui considère la santé de l'individu dans sa globalité en tenant compte à la fois des liens entre les dimensions psychiques et physiques, et de l'influence de l'environnement sur la santé, a-t-il précisé.
Pour M. Alauzet, les bases philosophiques et scientifiques de la culture occidentale sont très inspirées par le manichéisme, fondé sur l'opposition du bien et du mal - une logique binaire. Mais la philosophie chinoise, notamment le taoïsme, est complètement différente. "Bien sûr, il y a toujours les deux facettes : le yin et le yang. Mais il y a une interpénétration entre les deux, il y a du mouvement entre les deux. On dit : dans le yin, il y a du yang, et dans le yang, il y a du yin ; le yin se transforme en yang, et le yang se transforme en yin", a-t-il expliqué. Pour lui, les cultures occidentale et chinoise "sont très différentes, mais elles se complètent".
Après 35 ans d'études et de passion pour la culture chinoise, M. Alauzet s'est rendu pour la première fois en Chine en avril dernier, accompagnant le président français Emmanuel Macron lors de sa visite d'Etat dans le pays. "Quand on arrive en Chine, ce n'est pas un choc des cultures ! On est dans une immense ville où il y a des voitures, il y a des immeubles, il y a des gens qui vont au restaurant. Ça ressemble beaucoup à ce qu'on connaît ici", s'est-il souvenu.
Six mois plus tard, il a visité le pays d'Asie de l'Est pour la deuxième fois, à la tête d'une délégation du groupe d'amitié France-Chine de l'Assemblée nationale. "L'objectif des groupes d'amitié, c'est ce qu'on appelle la diplomatie parlementaire, et qui est plutôt une diplomatie d'influence (...) On se parle pour mieux se comprendre", a-t-il expliqué.
M. Alauzet a dit qu'il avait toujours insisté sur la nécessité d'accroître la compréhension mutuelle. "C'est pour ça que la notion d'amitié est importante. Il faut de la bienveillance respective. Il faut faire un effort de compréhension", a-t-il souligné.
Selon le député français, le général de Gaulle a été un visionnaire en son temps. "Il avait même prévu non seulement que la Chine s'éveillerait et progresserait (...) mais qu'elle jouerait un rôle au niveau de la communauté internationale. Maintenant, la Chine est là où elle est, elle pèse beaucoup", a-t-il noté.
La France reste influente en Europe, mais elle peut aussi être influente dans le monde aux côtés de la Chine, a souligné M. Alauzet. Nous sommes dans un monde "multicentrique" et "multipolaire", a-t-il souligné. "On a globalement une culture occidentale qui a dominé jusqu'à présent, et un seul modèle qui devait s'imposer à l'ensemble de la planète. Ça ne sera pas le cas. Il ne faut pas [non plus] qu'on tombe dans un monde bipolaire où deux blocs s'affrontent (...) c'est à plus de multipolarité que l'on doit œuvrer ensemble."
Pour M. Alauzet, le fait que la partie française et la partie chinoise organisent ensemble des festivités pour célébrer les 60 ans de relations bilatérales permettra de multiplier des rencontres et de nouer des liens d'amitié. "Ce sera un appui à la culture, à la relation humaine et la base de toutes les relations, y compris diplomatiques et stratégiques", a-t-il conclu. Fin