TUNIS, 29 décembre (Xinhua) - - Bien que le diagnostic financier et économique de la Tunisie en 2023 s'est avéré, relativement, acceptable pour certains analystes et observateurs locaux, l'exercice 2024 s'annonce difficile avec le maintien de plusieurs pressions inflationnistes, notamment les effets persistants de la pandémie de COVID-19 sur les petites entreprises et du confit en Ukraine (approvisionnement en produits énergétiques et céréaliers), les engagements du pays avec ses partenaires étrangers (endettement) et le non-aboutissement des concertations avec le FMI.
Pour Bassem Ennaïfer, spécialiste tunisien des marchés financiers, intervenant à ce sujet dans la presse locale, la loi de finances 2024 est réaliste et prend en considération la situation économique et financière de la Tunisie, mais l'année 2024 sera aussi difficile que 2023.
"Le pays continuera d'amorcer les impacts de la pandémie de COVID-19 et du conflit en Ukraine. (...) contrairement à 2023, la Tunisie sera dans la contrainte de payer l'essentiel de sa dette au cours du premier semestre de 2024, dont 850 millions d'euros en février", a fait savoir M. Ennaïfer, cité par la plus connue des radios privées tunisiennes, Mosaïque.
Selon ce spécialiste, la Tunisie " reste encore incapable de trouver la voie pour se relancer dans ses négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), d'autant plus que si l'Etat a bien clôturé 2023, le taux de croissance reste désormais timide, soit 0.9% sans oublier un taux global d'investissement toujours loin des attentes et demeure un principal point de faiblesse de l'économie nationale".
2023 : UN CONSTAT PLUS AMBITIEUX QUE PESSIMISTE
Le début de l'année 2023 a été marqué par la présentation (le 3 janvier) du plan de développement 2023-2025 par le ministère de l'Economie et de la Planification. Cependant, le déficit budgétaire du pays était déjà aggravé sur les trois dernières années, pour grimper de 3% à 7,7%. Quant au déficit budgétaire de l'Etat pour toute l'année 2023, il serait en baisse pour se situer au niveau de 5,5% du PIB, contre 7,7% en 2022, d'après les chiffres du ministère de l'Economie et de la Planification.
La Tunisie avait, par ailleurs, entamé l'année 2023 avec un taux d'inflation en hausse, soit 10,1%, mais qui s'est progressivement replié à partir du mois de juin, pour baisser à 9,3%, contre 9,6% au mois de mai, d'après l'INS (Institut national de la statistique). Après cinq mois de baisse consécutifs, cette inflation s'est remise, encore une fois, à s'amplifier, à partir d'août 2023, en s'élevant à 9,3%.
Parmi les secteurs ayant aidé l'économie tunisienne à se tenir en 2023 (notamment en second semestre), figure les transferts des Tunisiens résidents à l'étranger (TRE) qui ont progressé, à partir de la fin août 2023 pour s'élever à 5.121,1 millions de dinars (environ 1.670 millions de dollars).
L'économie tunisienne devrait également être reconnaissante au secteur touristique, dont les recettes ont atteint les 6 milliards de dinars (1,95 milliard de dollars) à la date du 10 octobre 2023, soit une hausse de 41,5%, par rapport à la même période de l'année 2022, selon les chiffres officiels de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
Par conséquent, on a réalisé une amélioration des avoirs nets en devises, qui a frôlé la barre de 27 milliards de dinars (8,8 milliards de dollars), l'équivalent de 121 jours d'importation, à la date du 12 octobre 2023, contre 108 jours d'importation, à la même date de l'année 2022.
L'Agence internationale de notation, Fitch Ratings, a prévu un repli du déficit budgétaire à 5,8 % du PIB de la Tunisie en 2023, contre 6,9% en 2022, sous l'effet direct d'une rationalisation des charges salariales, d'une panoplie de mesures dans le domaine de la réforme fiscale et de l'amélioration des ressources de l'Etat.
Mieux encore, l'année 2023 a été poussée vers le vert avec une amélioration du déficit de la balance commerciale du secteur industriel, qui a progressé (au cours des 8 premiers mois de 2023) pour se situer à 2.827,1 millions de dinars (922 millions de dollars), contre un déficit de 7.425,5 millions de dinars (2.421 millions de dollars) lors de la même période, une année auparavant, selon un bilan de l'APII (Agence de promotion de l'industrie et de l'innovation).
Une autre filière a récupéré relativement son niveau habituel, à savoir le secteur des mines, des phosphates et dérivés, dont les exportations, au début du second semestre de cette année, ont progressé de 37,5% par rapport à la même période de l'année 2022.
Pour M. Ennaïfer, la finance publique, et plus généralement, l'économie tunisienne devrait faire face à multiples défis en 2024 : en premier lieu la reprise des concertations et des pourparlers avec le FMI autour d'un nouveau programme de financement, le paiement de la dette extérieure et la mise en place d'un nouveau cadre législatif pour redynamiser l'investissement et développer le climat des affaires. Fin
