
Une femme passe devant le compteur de la dette nationale à New York, aux Etats-Unis, le 1er juin 2023. (Xinhua/Li Rui)
"Quiconque est au pouvoir accuse l'opposition de mener le pays à la ruine." Le dernier épisode en date concernant le plafond de la dette américaine a mis en lumière les lacunes du système bipartite des Etats-Unis.
ISTANBUL, 12 juin (Xinhua) -- Le dernier épisode en date concernant le plafond de la dette américaine a mis en lumière les lacunes du système bipartite des Etats-Unis, a estimé Sant Manukyan, analyste chez Is Yatirim, la banque d'investissement du groupe Isbank à Istanbul,
"Quiconque est au pouvoir accuse l'opposition de mener le pays à la ruine. Si vous regardez l'opposition, elle accuse le gouvernement de dépenses irresponsables ou inefficaces", a déclaré M. Manukyan lors d'une interview récente avec Xinhua.
"Mais bien sûr, puisqu'il s'agit d'un système à deux partis, tout le monde sait que l'autre camp sera dans la même situation après un ou deux mandats", a-t-il ajouté.
Il y a donc des querelles jusqu'au dernier moment, mais à la fin, le bon sens l'emporte et les deux partis politiques parviennent à un accord, a poursuivi l'analyste.
Le président des Etats-Unis Joe Biden a signé la loi sur la responsabilité fiscale de 2023 le 3 juin. Cette loi bipartisane suspend la limite de la dette publique jusqu'au 1er janvier 2025, et augmente la limite au niveau réel de la dette le lendemain, le 2 janvier 2025.
M. Manukyan a mis en garde contre les conséquences du non-paiement de la dette.
"Le principal risque de défaillance serait un effondrement du marché des garanties, qui affecterait à son tour le secteur réel et paralyserait l'économie mondiale", a-t-il estimé.
"Nous avons connu une crise de repos en 2019, avec la baisse rapide des réserves bancaires. Il pourrait y avoir des pressions similaires", selon cet expert qui rappelle l'explosion des repo (taux de refinancement à très court terme, ndlr) en 2019 qui a envoyé les marchés en vrille. La crise a contraint la Fed à injecter des milliards de dollars de fonds d'urgence dans le système financier.
"Mais la Fed, ayant appris de ce qui s'est passé à l'époque, a mis en place de nouvelles pratiques. Je pense donc que la possibilité d'une crise du marché est très faible à l'heure actuelle", a ajouté M. Manukyan.
Par ailleurs, il a souligné qu'en raison de l'hégémonie du dollar sur les marchés mondiaux, la moindre fluctuation de l'économie américaine a un impact massif, en particulier sur les pays en développement.■
