BEIJING, 12 mai (Xinhua) -- Une réunion ministérielle du Cadre économique indo-pacifique (IPEF) sera organisée le 27 mai dans la ville américaine de Detroit, ont annoncé au début du mois les autorités de Washington. Tout comme Five Eyes, Quad et AUKUS, ce partenariat économique, lancé par les Etas-Unis il y a un an, est considéré par de nombreux observateurs comme une nouvelle tentative de créer des cercles fermés et exclusifs afin d'isoler leurs "adversaires" hypothétiques, dont la Chine.
Mais ce genre d'actions, au lieu d'apporter les multiples bénéfices que prétend Washington tels que la sécurité, la liberté, l'indépendance ou encore la résilience, risque non seulement de nuire aux intérêts des entreprises et des citoyens américains, mais aussi de porter atteinte à ses alliés et de miner la coopération et la stabilité internationales.
UNE DEMARCHE CONTRE-PRODUCTIVE POUR LES ETATS-UNIS
Ces dernières années, les Etats-Unis n'ont cessé de contenir la Chine de diverses façons, notamment en créant de petits cercles fermés dans des domaines différents, y compris le secteur commercial. Les faits réels prouvent pourtant que l'intention américaine de se séparer économiquement de la Chine risque de s'avérer contre-productive pour eux-mêmes.
Selon les données publiées par le ministère américain du Commerce en février, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis a atteint 690 milliards de dollars en 2022, soit un nouveau record historique, en dépit des relations bilatérales tendues et des conflits commerciaux.
"Je pense que c'est une indication importante des difficultés du découplage (...) L'économie rend difficile la livraison de produits dans un monde découplé à un prix que les entreprises et les consommateurs sont prêts à payer", a déclaré à la BBC Deborah Elms, la fondatrice d'Asian Trade Centre.
"Jusqu'à présent, les décisions des consommateurs et des entreprises ont été plus puissantes que celles des gouvernements", a constaté Ed Gresser, ancien représentant américain adjoint au Commerce.
Pourtant, les politiciens américains des deux principaux partis soutiennent fermement ces politiques car aux yeux de leurs électeurs, les prix à payer à long terme ne sont pas aussi évidents que les avantages de se montrer rigides envers la Chine, a estimé Yukon Huang, chercheur principal à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
DES ACTIONS QUI PORTENT ATTEINTE A LEURS ALLIES
En vue de former ces petits groupes fermés et de défendre sa position dominante, Washington incite et même contraint parfois les pays alliés à suivre ses politiques de "découplage" sans tenir compte des vrais intérêts de ses "amis".
Pour isoler la Chine, les Etats-Unis n'hésitent pas à entrer dans des conflits avec leurs alliés clés, selon une tribune intitulée "L'Amérique reste économiquement égoïste, l'Europe doit l'accepter" parue dans le journal allemand Handelsblatt.
"Le leitmotiv consistant à devenir davantage indépendant de la Chine est profondément ancré au sein des deux partis américains", constate l'article d'opinion, estimant que c'est la raison pour laquelle Washington place des milliards de dollars dans des subventions et des investissements en faveur des fabricants nationaux, ce qui nuit aussi aux pays européens et à d'autres pays alliés.
Sous l'administration du président Biden, le protectionnisme américain n'a pas changé et se consolide même à un rythme rapide. Le protectionnisme pourrait ainsi définir l'ambiance des relations transatlantiques à l'avenir. L'Europe "doit faire face à cette réalité", affirme la tribune, notant que plus tôt les Européens l'accepteront, mieux ils pourront se préparer aux futures actions unilatérales de la part des Etats-Unis.
UNE POLITIQUE QUI MINE LE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL
De la promulgation de la loi "CHIPS and Science Act" à l'introduction de la "Loi sur la réduction de l'inflation" en passant par la promotion du soi-disant "friendshoring (délocalisation vers des pays amis)" et l'établissement de petits cercles fermés tels que l'IPEF, Washington met en danger le système commercial multilatéral international et perturbe les chaînes industrielles et d'approvisionnement mondiales.
Les perturbations des chaînes de valeur mondiales complexes augmenteront les prix pour les consommateurs et entraveront le progrès technologique. La coopération sur des questions cruciales telles que le changement climatique en pâtira, a averti l'ancienne économiste en chef de la Banque mondiale Pinelopi Koujianou Goldberg dans un article publié sur le site Project Syndicate.
En fait, les actions américaines contre la Chine concernent plutôt la domination que les prétextes habituels tels que la sécurité nationale, a constaté l'économiste, notant qu'il est faux de présumer que le bien-être mondial est un jeu à somme nulle et que l'ascension de la Chine implique le déclin de l'Amérique.
Une relation économique pacifique entre Washington et Beijing a bien servi les deux pays ainsi que le monde pendant trois décennies, malgré les grandes différences de leurs cultures et régimes politiques, a rappelé Mme Goldberg. Déclencher une nouvelle Guerre froide sous quelque forme que ce soit n'est de toute façon dans l'intérêt de personne, a-t-elle conclu. Fin
