TRIPOLI, 19 août (Xinhua) -- En 2011, les Etats-Unis et leurs alliés ont lancé une opération baptisée "Odyssey Dawn" dans le but de renverser le régime de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, sous prétexte d'apporter un avenir meilleur à la Libye. Depuis, cette intervention militaire n'a cependant fait que plonger les Libyens dans un abîme de ténèbres économiques et sécuritaires.
Khadija al-Mansouri, une femme au foyer de 46 ans de Tripoli, la capitale du pays, a décrit les frappes menées par les Etats-Unis dans son pays comme "des illusions vendues par les pays occidentaux, selon lesquelles la Libye deviendrait un pays avancé et connaîtrait une vie meilleure après Kadhafi".
"Ce qui s'est passé a cependant été tout le contraire", a-t-elle éclaré à Xinhua.
Bénéficiant de riches ressources en hydrocarbures et d'une position stratégique clé, la Libye était autrefois un pays riche, avec plus de 12.000 dollars américains de PIB par habitant en 2010.
Un an plus tard, à la suite de l'intervention militaire dirigée par les Etats-Unis sous couvert de "liberté et démocratie", des troubles généralisés se sont produits en Libye. Au cours des onze dernières années, les troubles politiques et les conflits armés n'ont cessé de hanter ce pays d'Afrique du Nord, laissant son peuple en proie à une insécurité et à des difficultés omniprésentes.
"L'intervention occidentale en Libye et l'opération menée par les Etats-Unis en 2011 étaient une conspiration totale (...) car le régime a été changé par la force, et non par la volonté du peuple", a affirmé à Xinhua Faraj al-Dali, un analyste politique libyen.
"C'est ainsi que nous sommes tombés dans un cycle de guerre civile imprévisible", a-t-il déclaré.
"Les Etats-Unis (...) essaient toujours d'imposer leur propre système démocratique aux autres", mais ferment les yeux sur les principales lacunes d'un tel système, a noté M. Al-Dali.
Parlant des difficultés qu'il a rencontrées au cours des onze dernières années, Mahmoud Darwesh, un traducteur de 37 ans de Tripoli, a souligné que le taux de change du dinar libyen par rapport au dollar américain avait chuté de 1,28 dinar pour un dollar avant 2011 à 4,9 dinars pour un dollar à l'heure actuelle.
"La dépréciation de la monnaie nationale a fait fortement augmenter le coût de la vie. Il y a onze ans, nous vivions en sécurité. Maintenant, nous avons des coupures d'électricité plus de dix heures par jour", a-t-il déploré.
"Malheureusement, année après année, les choses s'aggravent", a déclaré d'une voix résignée Fat'hi al-Madhuni, enseignant et père de cinq enfants.
Avant 2011, son salaire mensuel était suffisant pour subvenir aux besoins de toute sa famille, mais maintenant il lui dure à peine deux semaines, a expliqué cet enseignant de 40 ans, ajoutant qu'il devait conduire un taxi pour subvenir aux besoins de sa famille.
Iman Jalal, professeure de sciences politiques à l'université de Tripoli, a estimé quant à elle que Washington devait comprendre que chaque pays a un système politique adapté à ses propres conditions.
"Essayer d'imposer une idéologie politique à d'autres pays est voué à un échec complet", a-t-elle dit à Xinhua.
"Toutes les tentatives précédentes, que ce soit en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou en Libye, ont prouvé que les interventions (violentes) dirigées par les Etats-Unis causaient une pauvreté et un retard de développement prolongés dans ces pays", a-t-elle souligné. Fin



