Les "shégués" de Kinshasa (REPORTAGE)

Publié le 2009-11-20 20:26:33 | French. News. Cn
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Par DINA et SHU Shi

KINSHASA, 20 novembre (Xinhua) -- A Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), chaque jour on peut voir des enfants de la rue qui traînent dans les vêtements élimés, souvent pieds nus, dans les rues où ils se débrouillent en mendiant.

Les Kinois les appellent "shégués" en langue locale lingala.

En groupe de 5 à12 personnes, ils passent des journées entières dans de grandes artères de la capitale, au quartier commercial et dans tous les petits marchés de Kinshasa.

Ils vendent de petits articles, cirent des souliers, gardent des voitures en stationnement devant les parkings. Parmi eux, on trouve des voleurs, et aussi des mendiants de longue expérience.

A Kinshasa, le nombre des enfants de la rue pourrait s'élever à environ 20.000, a estimé Remy Mafou, coordonnateur des Réseaux des éducateurs des enfants et jeunes de la rue (REEJER).

Ces enfants sont regroupés en quelques catégories, à savoir : les enfants abandonnés, les enfants orphelins d'un ou de deux parents, les enfants accusés de "sorcellerie", les enfants déplacés de guerre, a-t-il précisé.

Aucune organisation n'arrive à donner des statistiques fiables du nombre total des enfants de la rue en RDC où à Kinshasa. Des organisations s'accordent toutes sur les causes qui sont à la base de ce phénomène, notamment, le chômage ou l'impaiement ou salaire modique des parents, la démission de l'Etat en ce qui concerne la scolarisation des enfants, la guerre, le SIDA.

Malgré les interventions du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), du gouvernement congolais ainsi que de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits des enfants basées à Kinshasa, le phénomène continue à prendre des ampleurs inquiétantes en RDC.

On retrouve depuis quelques années des enfants de la rue dans plusieurs grandes villes congolaises.

Les efforts déployés par ces organisations pour héberger certains d'entre eux et apprendre à d'autres quelques métiers paraissent comme "une goutte d'eau dans l'océan". Car, selon quelques observateurs, ces interventions sont très ponctuelles et singulières et elles sont faites d'une manière disparate, faute surtout du financement.

D'après Remy Mafou, il convient d'agir vite, plus on tardera à traiter cette question, plus la paix sociale sera menacée.

D'une part parce qu'il y aura une exaspération de la population, d'autre part parce que les enfants de la rue d'aujourd'hui sont les adultes de la rue de demain et d'autre part parce qu'on passera progressivement de la petite à la grande délinquance, a-t-il précisé.

La coordination des idées et des interventions à l'échelon nationale peut maximiser les résultats, tout en augmentant les chances d'un pays d'atteindre les cibles des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il affirmé.

La lutte contre le phénomène enfants de la rue demande une volonté politique forte et indépendamment des moyens mis en oeuvre, il prendra du temps, a souligné M. Mafou.

Cependant, l'amélioration de cette situation ne sera pas obtenue par l'action isolée des ONG locales, même soutenues par des bailleurs internationaux, quelle que soit leur compétence et leur engagement, a-t-il ajouté.

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