WELLINGTON, 23 août (Xinhua) -- La décision du Japon de procéder au rejet des eaux usées radioactives traitées n'est "pas surprenante, mais certainement décevante", a déclaré le professeur Robert Richmond, directeur du Kewalo Marine Laboratory de l'Université d'Hawaï à Manoa.
Malgré les préoccupations du public et l'opposition virulente tant dans le pays qu'à l'étranger, le gouvernement japonais a annoncé mardi avoir décidé de commencer à rejeter dans l'océan, le 24 août, les eaux usées contaminées par le nucléaire provenant de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima Daiichi.
Cette décision viole l'esprit de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030) et du Traité international de protection de la haute mer récemment adopté, ainsi que les droits des communautés autochtones du Pacifique, a indiqué M. Richmond..
Le Japon et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) peuvent transformer une situation difficile en une possibilité d'explorer et de développer de meilleures approches des catastrophes nucléaires que le déversement dans les océans, a estimé cet expert, également membre du groupe consultatif scientifique d'experts du Forum des îles du Pacifique.
"Compte tenu de la détérioration avérée de la santé des océans et des communautés qui en dépendent, nous devrions attendre beaucoup mieux de la part de ceux qui occupent des postes d'autorité et de responsabilité", a-t-il poursuivi.
"Ce n'est pas la première catastrophe de ce type, et ce ne sera pas la dernière", a averti M. Richmond, ajoutant que cette décision remet en cause le principe selon lequel l'industrie de l'énergie nucléaire est viable et responsable dans sa capacité à gérer ses propres erreurs et déchets.
"Comme le dit le proverbe, ceux qui ne tirent pas les leçons de l'histoire sont contraints de la répéter, et cette action se fera au détriment des générations futures qui subiront probablement les conséquences de décisions prises sur la base de l'opportunisme, de la politique et de l'affairisme", a-t-il précisé.
Les autorités japonaises ont justifié leur feu vert au rejet par le fait que l'eau traitée n'est plus nocive.
Selon David Krofcheck, maître de conférences en physique à l'Université d'Auckland, la présence d'isotopes radioactifs cancérigènes tels que le césium 137, le strontium 90 et l'iode 131 devrait être vérifiée avant que le premier déversement ne soit effectué.
Ces isotopes, stockés dans les eaux de Fukushima pendant et après la catastrophe de 2011, sont responsables de la radioactivité des fruits de mer et des interdictions de pêche qui s'en sont suivies, a-t-il dénoncé.
Frappée par un violent séisme et un tsunami en mars 2011, la centrale nucléaire de Fukushima a vu son cœur entrer en fusion, ce qui a généré d'énormes quantités d'eau contaminée par des substances radioactives provenant du refroidissement du combustible nucléaire. Fin




