DAKAR/NAIROBI, 23 janvier (Xinhua) -- La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, est en visite dans trois pays africains, à savoir le Sénégal, la Zambie et l'Afrique du Sud. Comme d'autres visites intensives de responsables politiques américains en Afrique ces derniers mois, l'objectif de son voyage est de continuer à souligner le renforcement de la coopération avec l'Afrique afin de contrer l'influence croissante de leurs soi-disant rivaux sur le continent, dont la Chine.
Mais ce que Mme Yellen ne réalise peut-être pas, c'est que depuis la passerelle d'embarquement de son avion, il est probable qu'elle verra un terminal construit par une entreprise chinoise. Sa voiture sera également susceptible de rouler sur une route ou un pont bâtis par un constructeur chinois. Les infrastructures modernes construites par la Chine sont partout dans les pays africains.
L'autoroute de l'aéroport international Blaise Diagne-Mbour-Thiès, à environ 30 km à l'est de la capitale sénégalaise de Dakar, relie plusieurs grandes villes du pays. Avec l'autoroute Mbour-Fatick-Kaolack en cours de construction, toutes deux financées par la coopération chinoise, elles renforceront le réseau autoroutier du Sénégal et la connectivité entre le littoral et l'intérieur.
Le président sénégalais Macky Sall a mis en avant ces deux projets lorsqu'il a remercié la Chine pour son soutien continu à "toutes les belles infrastructures" créées dans le cadre du Plan Sénégal émergent.
M. Sall a prononcé ces remerciements lors de l'inauguration du pont de Foundiougne, financé par le Sénégal et la Banque d'import-export de Chine (China Exim Bank). Plus long pont fluvial d'Afrique de l'Ouest, il a été construit par une entreprise de BTP chinoise et raccourcit la distance entre la région de la Casamance (sud) et le reste du Sénégal, à travers la Gambie, renforçant ainsi les liens du pays avec le reste de la sous-région.
Au cours de son voyage, Mme Yellen s'est vantée de ce que les Etats-Unis offraient un "moyen meilleur et plus fiable" pour la croissance et la prospérité du continent et, à l'instar de son gouvernement, a pointé du doigt sur les pratiques et les investissements chinois, soulignant l'"héritage de dette insoutenable". "Nous voulons nous assurer que nous ne causons pas les mêmes problèmes que ceux que les investissements chinois causent parfois ici", a déclaré Mme Yellen dans une interview accordée samedi aux médias à Dakar.
Cependant, selon un rapport de l'ONG britannique Debt Justice, les gouvernements africains ont trois fois plus de dette auprès de prêteurs privés occidentaux que la Chine et ces prêteurs occidentaux facturent deux fois plus d'intérêts que la Chine.
Les universitaires et les économistes africains disent que le prétendu récit du piège de la dette exploité par l'Occident contre la Chine est injuste. "La question du piège de la dette a été une diffamation politique", a déclaré Charles Onunaiju, directeur du Center for China Studies, basé au Nigeria, ajoutant que de telles affirmations n'étaient qu'une diversion pour décharger l'Occident de toute responsabilité.
De plus, les investissements chinois en Afrique visent principalement à construire des infrastructures afin d'aider l'Afrique à renforcer son propre développement durable. Selon Adem Feto, chercheur à l'Université Arsi en Ethiopie, l'utilisation des prêts chinois est essentiellement productive, puisque elle est destinée aux secteurs des infrastructures, de la santé et de l'éducation.
Lors de sa visite en Afrique ce mois-ci, le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a souligné que son pays participait activement à l'initiative de suspension du service de la dette du G20. La Chine a signé des accords ou est parvenue à des consensus avec 19 pays africains sur l'allègement de la dette et elle a suspendu le plus de paiements du service de la dette parmi les membres du G20.
La Chine s'est également engagée dans la résolution des problèmes de dette d'un certain nombre de pays, dont la Zambie, dans le cadre du G20, a-t-il ajouté.
Outre les experts en relations internationales et en économie, des internautes africains ont également remis en question les accusations portées par les responsables américains contre la Chine.
Une question posée par l'un d'eux sur les réseaux sociaux a suscité un large consensus : Mme Yellen a accusé la Chine de piéger les pays africains pauvres par la dette. La Chine a annulé de nombreuses dettes. Qu'est-ce que les défenseurs de l'équité ont fait pour l'Afrique ces derniers temps, à part se plaindre et pleurnicher?
L'Afrique représente moins de 2% du total d'imports-exports des Etats-Unis, alors que ce pays affirme que le continent est son "partenaire clé dans les principales chaînes de valeur". Le commerce américain avec l'Afrique diminue d'année en année, ce qui va à l'encontre du mantra ambitieux des Etats-Unis.
Selon le Bureau du recensement des Etats-Unis, la valeur des exportations américaines globales vers le continent a chuté de 32,9 milliards de dollars en 2011 à 26,7 milliards de dollars en 2021, tandis que les importations sont passées de 93 milliards de dollars en 2011 à 37,6 milliards de dollars en 2021. Fin