LONDRES, 1er septembre (Xinhua) -- Le fait que les Etats-Unis blâment la Chine pour la hausse de la dette africaine reflète leur mentalité de Guerre froide, a estimé l'universitaire Harry Verhoeven dans un récent entretien à Xinhua.
Les Etats-Unis "construisaient déjà l'échafaudage intellectuel qui a servi à désigner la Chine comme singulièrement responsable de cette hausse des dettes africaines et comme enfermant le continent dans ce type de piège de la dette", selon ce chercheur au Centre sur la politique énergétique mondiale de l'Université de Columbia.
"C'est déconcertant", dit-il. "Quand vous regardez les données, l'idée que l'Afrique doive plus d'argent à la Chine que tout autre créditeur n'est simplement pas vraie".
En mai dernier, M. Verhoeven et Nicolas Lippolis du Département de politique et de relations internationales de l'Université d'Oxford ont publié une étude montrant que la hausse de la dette africaine faisait pâle figure à côté du fardeau de la dette contractée ces dix dernières années auprès de créditeurs privés étrangers d'autres pays.
Pour Harry Verhoeven, ce sont des créditeurs occidentaux, à savoir des gestionnaires d'actifs de Wall Street ou de la City, entre autres, qui ont joué un rôle significatif dans cette hausse.
Ils "ont été en quête de meilleurs retours sur investissement et ont souvent trouvé plutôt intéressantes les obligations africaines, en partie parce que les Etats africains devaient payer des taux d'intérêt élevés avec ces produits financiers, dit-il, jugeant que ce sont eux "qui ont fait croître très vite la dette africaine".
Selon lui, certains responsables politiques occidentaux ne sont "pas intéressés par les faits" sur ce dossier, "mais surtout intéressés par le fait de pouvoir blâmer la Chine et lui donner un mal de tête plutôt que d'aider les Africains à gérer leurs problèmes de balance de paiement".
"Pour beaucoup de gens à Washington, c'est un narratif confortable et ils ont beaucoup d'expérience en la matière. Mais bien sûr, ça se fait au détriment total de la complexité, pas simplement concernant les relations de la Chine avec ces pays, mais surtout des programmes africains", déplore le chercheur.
Harry Verhoeven décrit comme très importants les investissements chinois en Afrique en estimant qu'il "y a très peu de gens sur le continent qui nient le rôle clé que joue la Chine à cet égard". Fin
