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French.xinhuanet.com | Publié le 2022-04-01 à 16:07
Par XU Chi et XU Jiatong
GENEVE, 1er avril (Xinhua) -- Scott Ritter, un ancien inspecteur des armes des Nations Unies en Irak, juge nécessaire d'enquêter sur les laboratoires biologiques dirigés par les Etats-Unis en Ukraine pour assurer qu'ils soient bien exploités dans le cadre défini par la Convention sur les armes biologiques et à toxines (CABT).
"Des enquêtes rigoureuses (...) afin de rétablir la confiance sont absolument nécessaires pour que le monde entier puisse être sûr que les Etats-Unis s'opèrent dans le cadre" de la CABT, a dit lors d'une récente interview accordée à Xinhua celui qui a aussi été un ancien officier du renseignement militaire au sein du corps des Marines des Etats-Unis.
En tant qu'expert en armes stratégiques, M. Ritter a fait partie des inspecteurs qui ont supervisé la mise en œuvre du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Par la suite, il est devenu en 1991 inspecteur de la commission spéciale des Nations unies en Irak, avec pour mission de surveiller le désarmement portant sur les armes de destruction massive (ADM), y compris les armes biologiques, conformément à la résolution 687 du Conseil de sécurité de l'ONU.
Il a démissionné en 1998 pour protester contre ce qu'il a dénoncé comme "l'ingérence américaine dans le travail des inspecteurs". En s'appuyant sur son expertise, Scott Ritter a mis en garde en 2003 l'administration américaine d'alors contre son projet d'invasion de l'Irak sur la base de prétextes absurdes. Sa position a été justifiée quelques années plus tard lorsqu'aucune ADM n'a été trouvée en Irak.
"Ces laboratoires sont dirigés par les Etats-Unis, il n'y a aucun doute. Bien qu'ils se trouvent sur le sol ukrainien et soient exploités par des scientifiques ukrainiens, ils fonctionnent conformément au mémorandum de 2005 signé entre le gouvernement ukrainien et le département américain de la Défense, en vertu de la loi Nunn-Lugar", a affirmé M. Ritter.
Celle-ci fait partie des instruments de coopération en matière de réduction des menaces adoptés par le Congrès américain suite à l'effondrement de l'Union soviétique afin de maîtriser les capacités des ADM dans le chaos qui a suivi la disparition de l'URSS, a-t-il expliqué.
Pour lui, ce programme dirigé par les Etats-Unis a paru "responsable", car il était dans l'intérêt des Etats-Unis de s'assurer de la clôture définitive des programmes d'armements de l'ère soviétique. Cependant, le problème des Etats-Unis, c'est qu'ils demandent aux autres pays de respecter des règles auxquelles ils ne se soumettent pas, a-t-il souligné.
"Cette approche très libre et fantaisiste, je crois, a contaminé l'intention légitime des laboratoires ukrainiens", a dit Scott Ritter, faisant référence à ces soi-disant laboratoires de sécurité biologique de niveau 3 construits par les Etats-Unis en Ukraine dans l'objectif de mener à bien une recherche biologique prétendument légitime et, parfois, une "recherche défensive sur la guerre biologique".
L'expert a dit ne pas comprendre pourquoi les Etats-Unis ont eu besoin d'installer 26 laboratoires en Ukraine. D'après lui, ils doivent répondre à cette question.
"Je ne comprends pas non plus comment des programmes comme ceux qui ont été allégués par les Russes pourraient être autorisés à exister", a-t-il dit, évoquant les affirmations russes selon lesquelles l'un de ces programmes porte sur la militarisation de la grippe aviaire H1N1 qui peut être transmise ou transportée par les oiseaux migrateurs volant d'Ukraine vers la Russie.
Selon Scott Ritter, il est légitime d'enquêter sur les "vecteurs naturels potentiels" pour des raisons de sécurité, mais la recherche biologique ciblant les oiseaux migrateurs volant spécifiquement vers la Russie, mais pas en sens inverse, est très inquiétante.
Il y a des éléments tellement "problématiques dans ce programme, qui suggèrent qu'il n'est pas fait à des fins bienveillantes, qu'il y a des malversations, ce qui signifie qu'il ne s'agit pas d'un programme défensif mais d'un programme offensif, et c'est très préoccupant", a-t-il poursuivi.
M. Ritter soutient que le veto des Etats-Unis en 2001 au protocole additionnel à la CABT doit être surmonté pour mettre en place un mécanisme de surveillance obligatoire afin de garantir la pertinence de la convention en tant qu'instrument juridique universel.
"Malheureusement, en tant que citoyen américain qui aime son pays, je dois avouer que les Etats-Unis ne sont plus dignes de confiance. Le monde entier ne doit plus accepter le plaider non-coupable des Etats-Unis à première vue", a-t-il souligné.
Le 10 mars dernier, le ministère russe de la Défense a affirmé que les laboratoires biologiques financés par les Etats-Unis en Ukraine travaillaient sur la "transmission secrète" d'agents pathogènes, dont la peste porcine africaine qui pourrait faire des ravages.
"Nous savons que l'Agence centrale de renseignement (CIA) des Etats-Unis l'a déjà fait dans le passé (utiliser des armes biologiques pour affamer secrètement des populations) et ça ne me surprendrait pas si la CIA envisageait de le faire à l'avenir", a averti Scott Ritter.
"C'est pourquoi il est impératif que nous disposions de capacités d'inspection intrusives pour nous assurer que ce genre d'activités ne se produisent pas. Il est absolument primordial que ce type de mécanisme de vérification de la conformité existe, sinon le traité ne vaut pas le papier sur lequel il est imprimé", a conclu l'ancien inspecteur de l'ONU. Fin