(Multimédia) Les dirigeants des Etats-Unis et de l'UE divisés sur de nouvelles sanctions contre la Russie (SYNTHESE)

French.xinhuanet.com | Publié le 2022-03-26 à 05:33

Le président américain Joe Biden lors d'une conférence de presse au siège de l'OTAN à Bruxelles, en Belgique, le 24 mars 2022. (Xinhua/Zheng Huansong)

BRUXELLES, 25 mars (Xinhua) -- Trois sommets intensifs en deux jours : le président américain Joe Biden a compressé son emploi du temps de jeudi et vendredi afin de se précipiter à Bruxelles pour serrer des mains, poser pour des photos et tenter d'obtenir une démonstration d'unité avec les partenaires européens, mais il n'a pas réussi à les convaincre d'adopter davantage de sanctions contre la Russie.

Après le sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et la réunion du G7, le sommet du Conseil européen s'est tenu jeudi et s'est poursuivi vendredi. La crise ukrainienne a été au centre des préoccupations.

Malgré un ton apparemment unanime contre la Russie au sein de ces partenariats transatlantiques, des préoccupations géopolitiques et des intérêts différents sont en jeu, ce qui rend difficile l'équilibre entre les demandes des différentes parties.

PAS DE NOUVELLES SANCTIONS À VENIR

Le sommet du Conseil européen de jeudi n'a pas réussi à se mettre d'accord sur des sanctions supplémentaires à l'encontre de la Russie, malgré la présence de M. Biden. Cela reflète les différentes positions des membres de l'Union européenne (UE), qui se méfient de plus en plus des conséquences de telles actions compte tenu des défis auxquels ils sont confrontés en raison de la crise ukrainienne.

Alors que M. Biden s'évertuait à "faire preuve d'unité" lors du sommet de jeudi, la Maison-Blanche a annoncé de nouvelles sanctions contre la Douma d'Etat russe et un certain nombre de ce qu'elle appelle des "oligarques", mais aussi contre plusieurs institutions financières et leurs dirigeants.

Les dirigeants assistent à la réunion du Conseil européen à Bruxelles, en Belgique, le 24 mars 2022. (Union européenne/via Xinhua)

En revanche, les dirigeants européens, après un échange de vues avec le président américain sur la coopération transatlantique dans le contexte de la crise ukrainienne, ont conclu que l'Union n'imposerait pas de nouvelles sanctions contre la Russie.

"L'Union européenne a jusqu'à présent adopté des sanctions importantes qui ont un impact massif sur la Russie et la Biélorussie, et reste prête à combler les lacunes et à cibler les contournements réels et possibles, ainsi qu'à agir rapidement avec d'autres sanctions robustes coordonnées", a indiqué l'UE dans un communiqué de presse.

S'adressant aux journalistes avant le sommet de l'UE, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a dit qu'il ne s'attendait pas à ce que les dirigeants de l'Union se mettent d'accord sur des sanctions supplémentaires jeudi, tout en soulignant que les Pays-Bas soutiendraient ces sanctions supplémentaires.

Prenant acte des retombées massives des sanctions européennes existantes contre la Russie, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a averti que l'UE pourrait également faire les frais de ces sanctions.

"Nous devons faire très attention à ce que les mesures que nous mettons en œuvre ne finissent pas par être plus douloureuses pour les citoyens européens que pour la Russie", a-t-il lancé avant le sommet européen.

Un membre du personnel accroche un drapeau national américain avant l'arrivée du président américain Joe Biden à la réunion du Conseil européen à Bruxelles, en Belgique, le 24 mars 2022. (Xinhua/Zhang Cheng)

La position de la Grèce est partagée par le Premier ministre belge Alexander De Croo, qui a confié à la presse que d'éventuelles nouvelles sanctions devraient frapper la Russie plus durement que l'UE.

"La règle de base est que les sanctions doivent avoir un impact beaucoup plus important du côté russe que du côté européen. Nous ne nous faisons pas la guerre à nous-mêmes", a noté M. De Croo.

M. Mitsotakis a également souligné que l'accent devrait plutôt être mis sur la mise en œuvre. Nous devrions maintenant nous assurer qu'il n'y a pas de "fuites" en termes de mise en œuvre des sanctions, que tous les pays qui font partie de cette alliance participent aux sanctions", a affirmé M. Mitsotakis.

Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a également exclu de nouvelles sanctions jusqu'à ce que la Russie "franchisse une autre ligne". "Si nous voulons prendre de nouvelles sanctions, nous devons les prendre en réaction à quelque chose", a-t-il estimé.

UNE VOIE IRRÉALISTE

Bien que les Etats-Unis et l'UE aient annoncé vendredi la création d'un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l'Europe à l'égard des combustibles fossiles russes, plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, restent réticents à l'idée d'annoncer des mesures drastiques contre l'énergie russe, de peur d'aggraver les perturbations de l'approvisionnement.

Photo prise le 25 février 2022 montrant un panneau d'affichage de prix des carburants dans une station-service à Francfort, en Allemagne. (Xinhua/Armando Babani)

Plusieurs responsables politiques et experts ont considéré que l'espoir nourri par l'Europe de pouvoir se passer complètement de l'énergie russe semblait trop optimiste.

M. Rutte a dit qu'il faudrait du temps pour diversifier les importations d'énergie européennes avant qu'une interdiction des importations d'énergie russe puisse se produire.

"Il faudra des semaines, voire des mois, avant de pouvoir faire passer des pays comme l'Allemagne ou certains pays d'Europe de l'Est du pétrole russe à d'autres sources d'approvisionnement en pétrole. Dans le cas du gaz, cela prendra encore plus de temps. Pour le charbon, cela pourrait aller plus vite", a dit M. Rutte.

Les statistiques montrent qu'à l'heure actuelle, plus de 40 % du gaz naturel et 25 % du pétrole consommés par l'UE proviennent de Russie. Ces chiffres rendent irréaliste l'idée même que l'UE puisse appliquer l'interdiction américaine des importations d'énergie russe, malgré la pression croissante de Washington.

L'UE n'a aucun moyen réaliste de remplacer tout le gaz naturel russe dont elle a besoin, même si les Etats-Unis augmentent leurs exportations ou si d'autres Etats détournent des livraisons, a dit à Sputnik Ryan Sitton, ancien régulateur industriel du Texas.

"Il n'y a aucun moyen d'éliminer complètement le gaz russe du marché européen - il représente une part beaucoup trop importante de la quantité de gaz qu'ils utilisent", a dit M. Sitton.

"Les pays occidentaux pourraient décider de diriger leur gaz vers l'Europe et cela supplanterait une partie du gaz russe mais, d'un point de vue pratique, il n'y a pas de moyen réaliste de le remplacer en totalité", a conclu M. Sitton. Fin

 
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(Multimédia) Les dirigeants des Etats-Unis et de l'UE divisés sur de nouvelles sanctions contre la Russie (SYNTHESE)

French.xinhuanet.com | Publié le 2022-03-26 à 05:33

Le président américain Joe Biden lors d'une conférence de presse au siège de l'OTAN à Bruxelles, en Belgique, le 24 mars 2022. (Xinhua/Zheng Huansong)

BRUXELLES, 25 mars (Xinhua) -- Trois sommets intensifs en deux jours : le président américain Joe Biden a compressé son emploi du temps de jeudi et vendredi afin de se précipiter à Bruxelles pour serrer des mains, poser pour des photos et tenter d'obtenir une démonstration d'unité avec les partenaires européens, mais il n'a pas réussi à les convaincre d'adopter davantage de sanctions contre la Russie.

Après le sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et la réunion du G7, le sommet du Conseil européen s'est tenu jeudi et s'est poursuivi vendredi. La crise ukrainienne a été au centre des préoccupations.

Malgré un ton apparemment unanime contre la Russie au sein de ces partenariats transatlantiques, des préoccupations géopolitiques et des intérêts différents sont en jeu, ce qui rend difficile l'équilibre entre les demandes des différentes parties.

PAS DE NOUVELLES SANCTIONS À VENIR

Le sommet du Conseil européen de jeudi n'a pas réussi à se mettre d'accord sur des sanctions supplémentaires à l'encontre de la Russie, malgré la présence de M. Biden. Cela reflète les différentes positions des membres de l'Union européenne (UE), qui se méfient de plus en plus des conséquences de telles actions compte tenu des défis auxquels ils sont confrontés en raison de la crise ukrainienne.

Alors que M. Biden s'évertuait à "faire preuve d'unité" lors du sommet de jeudi, la Maison-Blanche a annoncé de nouvelles sanctions contre la Douma d'Etat russe et un certain nombre de ce qu'elle appelle des "oligarques", mais aussi contre plusieurs institutions financières et leurs dirigeants.

Les dirigeants assistent à la réunion du Conseil européen à Bruxelles, en Belgique, le 24 mars 2022. (Union européenne/via Xinhua)

En revanche, les dirigeants européens, après un échange de vues avec le président américain sur la coopération transatlantique dans le contexte de la crise ukrainienne, ont conclu que l'Union n'imposerait pas de nouvelles sanctions contre la Russie.

"L'Union européenne a jusqu'à présent adopté des sanctions importantes qui ont un impact massif sur la Russie et la Biélorussie, et reste prête à combler les lacunes et à cibler les contournements réels et possibles, ainsi qu'à agir rapidement avec d'autres sanctions robustes coordonnées", a indiqué l'UE dans un communiqué de presse.

S'adressant aux journalistes avant le sommet de l'UE, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a dit qu'il ne s'attendait pas à ce que les dirigeants de l'Union se mettent d'accord sur des sanctions supplémentaires jeudi, tout en soulignant que les Pays-Bas soutiendraient ces sanctions supplémentaires.

Prenant acte des retombées massives des sanctions européennes existantes contre la Russie, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a averti que l'UE pourrait également faire les frais de ces sanctions.

"Nous devons faire très attention à ce que les mesures que nous mettons en œuvre ne finissent pas par être plus douloureuses pour les citoyens européens que pour la Russie", a-t-il lancé avant le sommet européen.

Un membre du personnel accroche un drapeau national américain avant l'arrivée du président américain Joe Biden à la réunion du Conseil européen à Bruxelles, en Belgique, le 24 mars 2022. (Xinhua/Zhang Cheng)

La position de la Grèce est partagée par le Premier ministre belge Alexander De Croo, qui a confié à la presse que d'éventuelles nouvelles sanctions devraient frapper la Russie plus durement que l'UE.

"La règle de base est que les sanctions doivent avoir un impact beaucoup plus important du côté russe que du côté européen. Nous ne nous faisons pas la guerre à nous-mêmes", a noté M. De Croo.

M. Mitsotakis a également souligné que l'accent devrait plutôt être mis sur la mise en œuvre. Nous devrions maintenant nous assurer qu'il n'y a pas de "fuites" en termes de mise en œuvre des sanctions, que tous les pays qui font partie de cette alliance participent aux sanctions", a affirmé M. Mitsotakis.

Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a également exclu de nouvelles sanctions jusqu'à ce que la Russie "franchisse une autre ligne". "Si nous voulons prendre de nouvelles sanctions, nous devons les prendre en réaction à quelque chose", a-t-il estimé.

UNE VOIE IRRÉALISTE

Bien que les Etats-Unis et l'UE aient annoncé vendredi la création d'un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l'Europe à l'égard des combustibles fossiles russes, plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, restent réticents à l'idée d'annoncer des mesures drastiques contre l'énergie russe, de peur d'aggraver les perturbations de l'approvisionnement.

Photo prise le 25 février 2022 montrant un panneau d'affichage de prix des carburants dans une station-service à Francfort, en Allemagne. (Xinhua/Armando Babani)

Plusieurs responsables politiques et experts ont considéré que l'espoir nourri par l'Europe de pouvoir se passer complètement de l'énergie russe semblait trop optimiste.

M. Rutte a dit qu'il faudrait du temps pour diversifier les importations d'énergie européennes avant qu'une interdiction des importations d'énergie russe puisse se produire.

"Il faudra des semaines, voire des mois, avant de pouvoir faire passer des pays comme l'Allemagne ou certains pays d'Europe de l'Est du pétrole russe à d'autres sources d'approvisionnement en pétrole. Dans le cas du gaz, cela prendra encore plus de temps. Pour le charbon, cela pourrait aller plus vite", a dit M. Rutte.

Les statistiques montrent qu'à l'heure actuelle, plus de 40 % du gaz naturel et 25 % du pétrole consommés par l'UE proviennent de Russie. Ces chiffres rendent irréaliste l'idée même que l'UE puisse appliquer l'interdiction américaine des importations d'énergie russe, malgré la pression croissante de Washington.

L'UE n'a aucun moyen réaliste de remplacer tout le gaz naturel russe dont elle a besoin, même si les Etats-Unis augmentent leurs exportations ou si d'autres Etats détournent des livraisons, a dit à Sputnik Ryan Sitton, ancien régulateur industriel du Texas.

"Il n'y a aucun moyen d'éliminer complètement le gaz russe du marché européen - il représente une part beaucoup trop importante de la quantité de gaz qu'ils utilisent", a dit M. Sitton.

"Les pays occidentaux pourraient décider de diriger leur gaz vers l'Europe et cela supplanterait une partie du gaz russe mais, d'un point de vue pratique, il n'y a pas de moyen réaliste de le remplacer en totalité", a conclu M. Sitton. Fin

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