Pourquoi les Etats-Unis sont la superpuissance mondiale du piège de la dette (PAPIER GENERAL)

French.xinhuanet.com | Publié le 2022-01-21 à 19:19

BEIJING, 21 janvier (Xinhua) -- Pour atténuer la hausse de l'inflation aux Etats-Unis, le gouverneur de la Réserve fédérale américaine (Fed) Christopher Waller a récemment déclaré que la banque centrale américaine devrait augmenter les taux d'intérêt de manière "plus agressive", prévoyant "quatre, peut-être cinq hausses" cette année.

Compte tenu de la prédominance du dollar américain dans le système monétaire international actuel et de son pouvoir de fixation des prix, toute décision importante de la Fed peut évidemment avoir un impact sur la construction de la dette ou la stabilité financière d'autres pays, notamment des économies émergentes.

L'histoire a montré que les crises de la dette dans les pays en développement avaient été causées par la fluctuation du dollar, et que les Etats-Unis s'en étaient généralement sortis avec peu de pertes, voire des gains, alors que la solvabilité des pays en développement était gravement compromise.

La Chine est régulièrement accusée par les Etats-Unis et les médias occidentaux de créer une mainmise financière sur les autres pays. Ces allégations bizarres n'ont jamais été fondées. Mais il existe un pays qui a entraîné plusieurs nations dans le piège étouffant de la dette, et il s'agit des Etats-Unis.

LES CRISES DE LA DETTE ONT UNE HISTOIRE

Selon le rapport Global Waves of Debt de la Banque mondiale datant de 2019, les pays en développement et les économies émergentes ont connu quatre vagues d'accumulation de la dette au cours des 50 dernières années. La première vague s'est étendue sur les années 1970 et 1980, lorsque les pays d'Amérique latine ont massivement emprunté auprès des banques commerciales sur les marchés des prêts syndiqués, garantis par des titres du Trésor américain.

En 2020, la dette mondiale a connu sa plus forte poussée en un an depuis la Seconde Guerre mondiale, atteignant 226.000 milliards de dollars, dans un contexte marqué par la COVID-19 et une profonde récession. Le dilemme de la dette de certains pays d'Afrique et d'Amérique latine a été une fois de plus sous les projecteurs.

Prenons l'exemple de l'Argentine. Le pays négocie actuellement avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir son 22e prêt de l'organisation basée à Washington en sept décennies. Une fois l'accord signé, il faut s'attendre à une hausse de la dette de la deuxième plus grande économie d'Amérique du Sud, s'ajoutant à sa dette existante de 2,8 milliards de dollars envers le FMI, qui doit être remboursée fin mars.

En 2020, l'Amérique latine est devenue la région ayant le taux d'endettement le plus élevé au monde, a déclaré à Xinhua, Zhou Yuyuan, chercheur principal à l'Institut d'études internationales de Shanghai, dans une interview écrite.

Le montant exorbitant de la dette extérieure de ces pays provient principalement des marchés financiers internationaux, avec Wall Street et les banques commerciales occidentales comme principaux acteurs, a déclaré M. Zhou.

Des cas similaires sont apparus en Afrique, a ajouté M. Zhou, notant que le montant de l'argent emprunté au secteur financier privé avait rapidement augmenté, devenant la plus grande source de dette extérieure.

Grâce à l'argent bon marché et à la saturation des marchés nationaux, les banques commerciales américaines ont pu faire de bonnes récoltes lorsqu'elles ont prêté aux pays en développement, a déclaré John Pang, chercheur principal au Bard College de New York.

L'EFFET D'ENTRAINEMENT DU DOLLAR

Depuis des décennies, la Fed américaine a considérablement augmenté l'offre en dollars dans le monde, ce qui provoque une inflation nationale et a des conséquences dans les pays en développement qui dépendent de l'économie américaine, ou y sont fortement liés, a déclaré Anna Malindog-Uy, professeure et chercheuse au sein du groupe de réflexion Philippines-BRICS Strategic Studies, basé à Manille.

Cette situation peut provoquer une hyperinflation dans le monde en développement, a-t-elle ajouté, en donnant l'exemple de la façon dont les bulles se sont propagées en Egypte et dans d'autres pays du Moyen-Orient en 2008 en raison de leur dépendance à l'égard des importations, ce qui a provoqué une flambée des prix des denrées alimentaires de base.

La politique de la Fed consistant à relever les taux d'intérêt pourrait mettre fin rapidement à l'inflation, mais ses effets négatifs risqueraient de faire éclater ces bulles, a noté Desmond Lachman, chargé de recherche à l'American Enterprise Institute.

Les marchés du crédit d'aujourd'hui "ont été fondés sur l'hypothèse que les taux d'intérêt ultra-bas dureraient éternellement", a-t-il déclaré, ajoutant que lorsque les bulles éclateront, "les économies des marchés émergents devront se préparer à un rapatriement de capitaux à grande échelle qui pourrait précipiter une vague de crises de la dette des marchés émergents".

Les analystes soulignent que le resserrement trop rapide de la Fed affectera le problème de la dette des pays en développement de quatre manières.

Premièrement, il déclenchera une hausse de la valeur du dollar, ce qui augmentera le coût du remboursement de la dette en dollar. Deuxièmement, il entraînera une hausse des coûts de financement mondiaux, rendant les emprunts plus coûteux. Troisièmement, il découragera les fonds d'affluer vers les pays en développement et diminuera leurs sources d'emprunt. Quatrièmement, les prix des produits de base fixés au dollar pourraient chuter, entraînant une baisse des revenus des pays en développement qui dépendent de l'exportation de ressources, compromettant ainsi leur capacité de remboursement.

LA POLITIQUE DES ETATS-UNIS DERRIERE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

Dans son best-seller "Confessions d'un tueur à gages économique", John Perkins explique comment il a été employé par une entreprise américaine pour faire pression sur d'autres nations afin qu'elles acceptent de substantiels prêts pour infrastructures. "Pour eux, il s'agit d'une guerre pour la survie de leurs enfants et de leurs cultures (...) alors que pour nous, il s'agit de pouvoir, d'argent et de ressources naturelles", a-t-il écrit.

L'Argentine reste aujourd'hui l'un des plus gros débiteurs du FMI. Dans les négociations sur la dette de l'Argentine avec une série de créanciers, les Etats-Unis ont été le véritable antagoniste, dont le but est de renforcer le contrôle des pays de la région et de maintenir l'hégémonie américaine sur le capital financier transnational, a déclaré le sociologue argentin Marcelo Rodriguez dans une interview accordée à Xinhua.

Dawie Roodt, économiste à l'Efficient Group, a déclaré à Xinhua que les Etats-Unis étaient de loin le pays le plus important ou le plus représenté au FMI, et qu'ils pouvaient non seulement bloquer les prêts à certains pays, mais aussi exclure des pays du système bancaire.

"C'est un jeu politique", a-t-il martelé, notant que lorsqu'un pays emprunte de l'argent à des institutions comme le FMI, les fonds vont souvent aux Etats-Unis.

Interrogé sur le rôle des Etats-Unis dans le traitement des questions de dette mondiale par le biais de mécanismes multilatéraux comme le FMI, M. Pang a commenté : "Ils sont 'multilatéraux' tout en étant contrôlés par les Etats-Unis, ne s'écartant jamais de l'exigence de suprématie occidentale".

Les politiques du FMI et de la Banque mondiale encouragent les stratégies axées sur l'exportation qui conduisent à une dépendance vis-à-vis des marchés occidentaux, a fait remarquer M. Pang.

Leur aide "serait conditionnée à l'adoption par le pays débiteur de politiques d'austérité qui écrasent les pauvres, permettent la fuite des capitaux et entraînent un abandon de la souveraineté économique", a-t-il ajouté. Fin

 
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Pourquoi les Etats-Unis sont la superpuissance mondiale du piège de la dette (PAPIER GENERAL)

French.xinhuanet.com | Publié le 2022-01-21 à 19:19

BEIJING, 21 janvier (Xinhua) -- Pour atténuer la hausse de l'inflation aux Etats-Unis, le gouverneur de la Réserve fédérale américaine (Fed) Christopher Waller a récemment déclaré que la banque centrale américaine devrait augmenter les taux d'intérêt de manière "plus agressive", prévoyant "quatre, peut-être cinq hausses" cette année.

Compte tenu de la prédominance du dollar américain dans le système monétaire international actuel et de son pouvoir de fixation des prix, toute décision importante de la Fed peut évidemment avoir un impact sur la construction de la dette ou la stabilité financière d'autres pays, notamment des économies émergentes.

L'histoire a montré que les crises de la dette dans les pays en développement avaient été causées par la fluctuation du dollar, et que les Etats-Unis s'en étaient généralement sortis avec peu de pertes, voire des gains, alors que la solvabilité des pays en développement était gravement compromise.

La Chine est régulièrement accusée par les Etats-Unis et les médias occidentaux de créer une mainmise financière sur les autres pays. Ces allégations bizarres n'ont jamais été fondées. Mais il existe un pays qui a entraîné plusieurs nations dans le piège étouffant de la dette, et il s'agit des Etats-Unis.

LES CRISES DE LA DETTE ONT UNE HISTOIRE

Selon le rapport Global Waves of Debt de la Banque mondiale datant de 2019, les pays en développement et les économies émergentes ont connu quatre vagues d'accumulation de la dette au cours des 50 dernières années. La première vague s'est étendue sur les années 1970 et 1980, lorsque les pays d'Amérique latine ont massivement emprunté auprès des banques commerciales sur les marchés des prêts syndiqués, garantis par des titres du Trésor américain.

En 2020, la dette mondiale a connu sa plus forte poussée en un an depuis la Seconde Guerre mondiale, atteignant 226.000 milliards de dollars, dans un contexte marqué par la COVID-19 et une profonde récession. Le dilemme de la dette de certains pays d'Afrique et d'Amérique latine a été une fois de plus sous les projecteurs.

Prenons l'exemple de l'Argentine. Le pays négocie actuellement avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir son 22e prêt de l'organisation basée à Washington en sept décennies. Une fois l'accord signé, il faut s'attendre à une hausse de la dette de la deuxième plus grande économie d'Amérique du Sud, s'ajoutant à sa dette existante de 2,8 milliards de dollars envers le FMI, qui doit être remboursée fin mars.

En 2020, l'Amérique latine est devenue la région ayant le taux d'endettement le plus élevé au monde, a déclaré à Xinhua, Zhou Yuyuan, chercheur principal à l'Institut d'études internationales de Shanghai, dans une interview écrite.

Le montant exorbitant de la dette extérieure de ces pays provient principalement des marchés financiers internationaux, avec Wall Street et les banques commerciales occidentales comme principaux acteurs, a déclaré M. Zhou.

Des cas similaires sont apparus en Afrique, a ajouté M. Zhou, notant que le montant de l'argent emprunté au secteur financier privé avait rapidement augmenté, devenant la plus grande source de dette extérieure.

Grâce à l'argent bon marché et à la saturation des marchés nationaux, les banques commerciales américaines ont pu faire de bonnes récoltes lorsqu'elles ont prêté aux pays en développement, a déclaré John Pang, chercheur principal au Bard College de New York.

L'EFFET D'ENTRAINEMENT DU DOLLAR

Depuis des décennies, la Fed américaine a considérablement augmenté l'offre en dollars dans le monde, ce qui provoque une inflation nationale et a des conséquences dans les pays en développement qui dépendent de l'économie américaine, ou y sont fortement liés, a déclaré Anna Malindog-Uy, professeure et chercheuse au sein du groupe de réflexion Philippines-BRICS Strategic Studies, basé à Manille.

Cette situation peut provoquer une hyperinflation dans le monde en développement, a-t-elle ajouté, en donnant l'exemple de la façon dont les bulles se sont propagées en Egypte et dans d'autres pays du Moyen-Orient en 2008 en raison de leur dépendance à l'égard des importations, ce qui a provoqué une flambée des prix des denrées alimentaires de base.

La politique de la Fed consistant à relever les taux d'intérêt pourrait mettre fin rapidement à l'inflation, mais ses effets négatifs risqueraient de faire éclater ces bulles, a noté Desmond Lachman, chargé de recherche à l'American Enterprise Institute.

Les marchés du crédit d'aujourd'hui "ont été fondés sur l'hypothèse que les taux d'intérêt ultra-bas dureraient éternellement", a-t-il déclaré, ajoutant que lorsque les bulles éclateront, "les économies des marchés émergents devront se préparer à un rapatriement de capitaux à grande échelle qui pourrait précipiter une vague de crises de la dette des marchés émergents".

Les analystes soulignent que le resserrement trop rapide de la Fed affectera le problème de la dette des pays en développement de quatre manières.

Premièrement, il déclenchera une hausse de la valeur du dollar, ce qui augmentera le coût du remboursement de la dette en dollar. Deuxièmement, il entraînera une hausse des coûts de financement mondiaux, rendant les emprunts plus coûteux. Troisièmement, il découragera les fonds d'affluer vers les pays en développement et diminuera leurs sources d'emprunt. Quatrièmement, les prix des produits de base fixés au dollar pourraient chuter, entraînant une baisse des revenus des pays en développement qui dépendent de l'exportation de ressources, compromettant ainsi leur capacité de remboursement.

LA POLITIQUE DES ETATS-UNIS DERRIERE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

Dans son best-seller "Confessions d'un tueur à gages économique", John Perkins explique comment il a été employé par une entreprise américaine pour faire pression sur d'autres nations afin qu'elles acceptent de substantiels prêts pour infrastructures. "Pour eux, il s'agit d'une guerre pour la survie de leurs enfants et de leurs cultures (...) alors que pour nous, il s'agit de pouvoir, d'argent et de ressources naturelles", a-t-il écrit.

L'Argentine reste aujourd'hui l'un des plus gros débiteurs du FMI. Dans les négociations sur la dette de l'Argentine avec une série de créanciers, les Etats-Unis ont été le véritable antagoniste, dont le but est de renforcer le contrôle des pays de la région et de maintenir l'hégémonie américaine sur le capital financier transnational, a déclaré le sociologue argentin Marcelo Rodriguez dans une interview accordée à Xinhua.

Dawie Roodt, économiste à l'Efficient Group, a déclaré à Xinhua que les Etats-Unis étaient de loin le pays le plus important ou le plus représenté au FMI, et qu'ils pouvaient non seulement bloquer les prêts à certains pays, mais aussi exclure des pays du système bancaire.

"C'est un jeu politique", a-t-il martelé, notant que lorsqu'un pays emprunte de l'argent à des institutions comme le FMI, les fonds vont souvent aux Etats-Unis.

Interrogé sur le rôle des Etats-Unis dans le traitement des questions de dette mondiale par le biais de mécanismes multilatéraux comme le FMI, M. Pang a commenté : "Ils sont 'multilatéraux' tout en étant contrôlés par les Etats-Unis, ne s'écartant jamais de l'exigence de suprématie occidentale".

Les politiques du FMI et de la Banque mondiale encouragent les stratégies axées sur l'exportation qui conduisent à une dépendance vis-à-vis des marchés occidentaux, a fait remarquer M. Pang.

Leur aide "serait conditionnée à l'adoption par le pays débiteur de politiques d'austérité qui écrasent les pauvres, permettent la fuite des capitaux et entraînent un abandon de la souveraineté économique", a-t-il ajouté. Fin

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