Face au risque de millions de décès, la directrice exécutive de l'ONUSIDA déplore une réaction trop lente (INTERVIEW)

French.xinhuanet.com | Publié le 2021-12-01 à 22:50

Par Martina Fuchs

GENEVE, 1er décembre (Xinhua) -- A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida le 1er décembre, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a lancé lundi un avertissement, estimant que si les dirigeants ne s'attaquaient pas aux inégalités, le monde pourrait faire face à 7,7 millions de décès liés au sida au cours des dix prochaines années.

Il a en outre averti que si les mesures urgentes nécessaires pour mettre fin au sida ne sont pas prises, le monde restera piégé dans la crise du nouveau coronavirus et restera dangereusement non préparé aux futures pandémies.

"A l'échelle mondiale, les courbes ne se replient pas assez vite pour arrêter la pandémie de sida. L'année dernière, nos données ont montré que 1,5 million de personnes ont été nouvellement infectées", a dit Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'ONUSIDA et secrétaire générale adjointe des Nations Unies, dans une récente interview à Xinhua.

"Les infections se déplacent le long des lignes de faille des inégalités. Six jeunes sur sept nouvellement infectés en Afrique subsaharienne sont des filles", a-t-elle souligné.

La Journée mondiale de lutte contre le sida, lancée en 1988, se tient chaque année le 1er décembre. Elle est célébrée cette année sous le thème "Mettre fin aux inégalités. Mettre fin au sida. Mettre fin aux pandémies".

Ce nouvel avertissement figure dans le dernier rapport de l'ONUSIDA publié lundi et intitulé "Inégal, non préparé, menacé : pourquoi une action audacieuse contre les inégalités est nécessaire pour mettre fin au sida, arrêter le COVID-19 et se préparer aux futures pandémies".

Selon ce rapport, certains pays, dont certains avec les taux de VIH les plus élevés, ont fait des progrès remarquables dans la lutte contre le SIDA, illustrant ce qui est faisable.

Cependant, il note que les nouvelles infections ne diminuent pas assez rapidement dans le monde pour arrêter la pandémie, avec 1,5 million de nouvelles infections à VIH en 2020 et des taux d'infection à VIH croissants dans certains pays.

Les homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe et les consommateurs de drogue courent un risque 25 à 35 fois plus élevé de contracter le VIH dans le monde, selon l'ONUSIDA.

"C'est pourquoi le message est si important en cette Journée mondiale de lutte contre le sida. Nous progressons, mais pas assez vite", a jugé Mme Byanyima. "Les dirigeants doivent reconnaître que la pandémie de sida est toujours une urgence. Si nous n'agissons pas assez vite, nous aurons un problème plus difficile, plus coûteux à essayer de résoudre et plus de morts", a-t-elle ajouté.

L'ONUSIDA a également souligné que le nouveau coronavirus sapait la riposte au sida dans de nombreux endroits.

Le rythme des tests de dépistage du VIH a diminué presque uniformément et moins de personnes vivant avec le VIH ont commencé un traitement en 2020 dans 40 des 50 pays suivis par l'ONUSIDA, selon le rapport.

"Les inégalités sont le moteur de la pandémie de VIH et les inégalités sont également le moteur de la pandémie de COVID. Vous avez deux pandémies qui se percutent", a averti la directrice exécutive. "Cela devient de plus en plus difficile de gagner, mais si vous pouvez gagner contre le VIH/SIDA, vous pouvez également gagner contre la COVID, car il faut les mêmes stratégies pour gagner".

Interrogée sur ses perspectives concernant les nouvelles infections à VIH/sida et les taux de mortalité en 2022, Mme Byanyima a jugé que le monde n'est pas préparé à l'heure actuelle à mettre fin au sida. "Nous n'avançons pas assez vite pour mettre fin au sida. Le monde n'est pas non plus préparé à mettre fin à la COVID-19", selon elle.

"Le monde n'est pas préparé à affronter de nouvelles pandémies à l'avenir, parce que nous ne faisons pas les bonnes choses. A mon avis, le plus gros problème aujourd'hui est la lenteur des progrès de la vaccination contre la COVID".

LA VICTOIRE TOUJOURS POSSIBLE

L'ONUSIDA unit les efforts de 11 organisations du système onusien (HCR, UNICEF, PAM, PNUD, UNFPA, ONUDC, ONU Femmes, OIT, UNESCO, OMS et Banque mondiale) et travaille en étroite collaboration avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030, conformément aux Objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU.

Mme Byanyima a souligné que le monde avait encore une chance d'atteindre cet objectif d'ici 2030 : "Pourquoi je dis ça? Parce que c'est la 40e année que ce virus a été trouvé. Aujourd'hui, nous avons 37,7 millions de personnes vivant avec le VIH. Parmi eux, 28,2 millions sont sous traitement et vivent bien. C'est environ les trois quarts. Nous devons obtenir 10 millions de plus sous traitement".

Pour atteindre l'objectif, elle a souligné qu'une action audacieuse contre les inégalités devait être entreprise, que les communautés devaient être placées au centre des stratégies de réponse et qu'un accès égal aux technologies de la santé devait être assuré.

"Je reste optimiste quant au fait que nous pouvons atteindre l'objectif de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé mondiale d'ici 2030", a-t-elle conclu. Fin

 
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Face au risque de millions de décès, la directrice exécutive de l'ONUSIDA déplore une réaction trop lente (INTERVIEW)

French.xinhuanet.com | Publié le 2021-12-01 à 22:50

Par Martina Fuchs

GENEVE, 1er décembre (Xinhua) -- A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida le 1er décembre, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a lancé lundi un avertissement, estimant que si les dirigeants ne s'attaquaient pas aux inégalités, le monde pourrait faire face à 7,7 millions de décès liés au sida au cours des dix prochaines années.

Il a en outre averti que si les mesures urgentes nécessaires pour mettre fin au sida ne sont pas prises, le monde restera piégé dans la crise du nouveau coronavirus et restera dangereusement non préparé aux futures pandémies.

"A l'échelle mondiale, les courbes ne se replient pas assez vite pour arrêter la pandémie de sida. L'année dernière, nos données ont montré que 1,5 million de personnes ont été nouvellement infectées", a dit Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'ONUSIDA et secrétaire générale adjointe des Nations Unies, dans une récente interview à Xinhua.

"Les infections se déplacent le long des lignes de faille des inégalités. Six jeunes sur sept nouvellement infectés en Afrique subsaharienne sont des filles", a-t-elle souligné.

La Journée mondiale de lutte contre le sida, lancée en 1988, se tient chaque année le 1er décembre. Elle est célébrée cette année sous le thème "Mettre fin aux inégalités. Mettre fin au sida. Mettre fin aux pandémies".

Ce nouvel avertissement figure dans le dernier rapport de l'ONUSIDA publié lundi et intitulé "Inégal, non préparé, menacé : pourquoi une action audacieuse contre les inégalités est nécessaire pour mettre fin au sida, arrêter le COVID-19 et se préparer aux futures pandémies".

Selon ce rapport, certains pays, dont certains avec les taux de VIH les plus élevés, ont fait des progrès remarquables dans la lutte contre le SIDA, illustrant ce qui est faisable.

Cependant, il note que les nouvelles infections ne diminuent pas assez rapidement dans le monde pour arrêter la pandémie, avec 1,5 million de nouvelles infections à VIH en 2020 et des taux d'infection à VIH croissants dans certains pays.

Les homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe et les consommateurs de drogue courent un risque 25 à 35 fois plus élevé de contracter le VIH dans le monde, selon l'ONUSIDA.

"C'est pourquoi le message est si important en cette Journée mondiale de lutte contre le sida. Nous progressons, mais pas assez vite", a jugé Mme Byanyima. "Les dirigeants doivent reconnaître que la pandémie de sida est toujours une urgence. Si nous n'agissons pas assez vite, nous aurons un problème plus difficile, plus coûteux à essayer de résoudre et plus de morts", a-t-elle ajouté.

L'ONUSIDA a également souligné que le nouveau coronavirus sapait la riposte au sida dans de nombreux endroits.

Le rythme des tests de dépistage du VIH a diminué presque uniformément et moins de personnes vivant avec le VIH ont commencé un traitement en 2020 dans 40 des 50 pays suivis par l'ONUSIDA, selon le rapport.

"Les inégalités sont le moteur de la pandémie de VIH et les inégalités sont également le moteur de la pandémie de COVID. Vous avez deux pandémies qui se percutent", a averti la directrice exécutive. "Cela devient de plus en plus difficile de gagner, mais si vous pouvez gagner contre le VIH/SIDA, vous pouvez également gagner contre la COVID, car il faut les mêmes stratégies pour gagner".

Interrogée sur ses perspectives concernant les nouvelles infections à VIH/sida et les taux de mortalité en 2022, Mme Byanyima a jugé que le monde n'est pas préparé à l'heure actuelle à mettre fin au sida. "Nous n'avançons pas assez vite pour mettre fin au sida. Le monde n'est pas non plus préparé à mettre fin à la COVID-19", selon elle.

"Le monde n'est pas préparé à affronter de nouvelles pandémies à l'avenir, parce que nous ne faisons pas les bonnes choses. A mon avis, le plus gros problème aujourd'hui est la lenteur des progrès de la vaccination contre la COVID".

LA VICTOIRE TOUJOURS POSSIBLE

L'ONUSIDA unit les efforts de 11 organisations du système onusien (HCR, UNICEF, PAM, PNUD, UNFPA, ONUDC, ONU Femmes, OIT, UNESCO, OMS et Banque mondiale) et travaille en étroite collaboration avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030, conformément aux Objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU.

Mme Byanyima a souligné que le monde avait encore une chance d'atteindre cet objectif d'ici 2030 : "Pourquoi je dis ça? Parce que c'est la 40e année que ce virus a été trouvé. Aujourd'hui, nous avons 37,7 millions de personnes vivant avec le VIH. Parmi eux, 28,2 millions sont sous traitement et vivent bien. C'est environ les trois quarts. Nous devons obtenir 10 millions de plus sous traitement".

Pour atteindre l'objectif, elle a souligné qu'une action audacieuse contre les inégalités devait être entreprise, que les communautés devaient être placées au centre des stratégies de réponse et qu'un accès égal aux technologies de la santé devait être assuré.

"Je reste optimiste quant au fait que nous pouvons atteindre l'objectif de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé mondiale d'ici 2030", a-t-elle conclu. Fin

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