L'accord sur les sous-marins nucléaires nuit à l'image de l'Australie et accroît sa dépendance militaire envers les Etats-Unis. selon un expert (INTERVIEW)

French.xinhuanet.com | Publié le 2021-09-25 à 14:01

SYDNEY, 25 septembre (Xinhua) -- L'accord conclu entre l'Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sur les sous-marins à propulsion nucléaire va modifier le regard que certains de ses voisins portent habituellement sur Canberra et accroître la dépendance militaire australienne à l'égard de Washington, estime Allan Gyngell, un éminent spécialiste australien des relations internationales.

"Il est certainement vrai que certains de nos voisins verront cela comme une escalade de la course aux armements dans la région. Il y a donc beaucoup de discussions à mener", a déclaré dans une récente interview exclusive à Xinhua le président national de l'Institut australien des affaires internationales.

Le chercheur qui a eu une longue carrière dans les affaires internationales australiennes confie que sa préoccupation concernant les sous-marins à propulsion nucléaire est qu'ils pourraient ne pas être particulièrement pertinents dans l'environnement stratégique vers lequel l'Australie se dirige.

Etant donné qu'ils sont extrêmement coûteux, bien plus que les versions diesel, les dépenses exigeront du gouvernement australien qu'il réfléchisse sérieusement à la manière de répartir davantage ses ressources, que ce soit dans la politique sociale, l'éducation ou les dépenses de défense, selon M. Gyngell.

"C'est une capacité tellement coûteuse. Je ne suis pas sûr de la façon dont le reste de la région va y répondre", s'interroge celui qui a été directeur général et fondateur de l'Institut Lowy pour la politique internationale de 2003 à 2009, ainsi que conseiller principal du Premier ministre australien de l'époque, Paul Keating, entre 1993 et 1996.

Auteur du célèbre best-seller The Fear of Abandonment (La peur de l'abandon), qui analyse les facteurs historiques et psychologiques sous-tendant la diplomatie australienne depuis 1942, Allan Gyngell juge que la décision de l'Australie d'adhérer à l'AUKUS et d'acquérir des sous-marins nucléaires ressort de la même disposition psychologique.

Il avertit que ce pacte est susceptible d'accroître la dépendance de la défense australienne vis-à-vis des Etats-Unis. "Ma préoccupation est qu'il limite effectivement l'autonomie de l'Australie parce que, contrairement à d'autres parties de notre force de défense, ces sous-marins ne pourraient pas être exploités sans l'assentiment des Etats-Unis, car l'Australie n'aura tout simplement pas la capacité d'entretenir et de soutenir l'ensemble du système de propulsion nucléaire."

"La capacité de l'Australie à exploiter son actif de défense le plus coûteux et le plus puissant sera toujours soumise au veto des Etats-Unis et le programme conduira inévitablement à une intégration opérationnelle plus profonde avec les Etats-Unis", a noté Gyngell dans un récent article pour l'East Asia Forum.

"Il sera plus difficile de dissocier nos engagements stratégiques et notre profonde identification avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni de nos intérêts de politique étrangère. Les attentes des Etats-Unis concernant le soutien australien dans presque toutes les éventualités, qu'elles impliquent ou non la Chine, vont augmenter", observe l'expert.

"L'accord est donc un gros pari australien sur l'avenir des Etats-Unis, et ce à un moment plus incertain de la politique américaine qu'à presque n'importe quel moment de l'histoire de l'alliance", écrit-il. Fin

 
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L'accord sur les sous-marins nucléaires nuit à l'image de l'Australie et accroît sa dépendance militaire envers les Etats-Unis. selon un expert (INTERVIEW)

French.xinhuanet.com | Publié le 2021-09-25 à 14:01

SYDNEY, 25 septembre (Xinhua) -- L'accord conclu entre l'Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sur les sous-marins à propulsion nucléaire va modifier le regard que certains de ses voisins portent habituellement sur Canberra et accroître la dépendance militaire australienne à l'égard de Washington, estime Allan Gyngell, un éminent spécialiste australien des relations internationales.

"Il est certainement vrai que certains de nos voisins verront cela comme une escalade de la course aux armements dans la région. Il y a donc beaucoup de discussions à mener", a déclaré dans une récente interview exclusive à Xinhua le président national de l'Institut australien des affaires internationales.

Le chercheur qui a eu une longue carrière dans les affaires internationales australiennes confie que sa préoccupation concernant les sous-marins à propulsion nucléaire est qu'ils pourraient ne pas être particulièrement pertinents dans l'environnement stratégique vers lequel l'Australie se dirige.

Etant donné qu'ils sont extrêmement coûteux, bien plus que les versions diesel, les dépenses exigeront du gouvernement australien qu'il réfléchisse sérieusement à la manière de répartir davantage ses ressources, que ce soit dans la politique sociale, l'éducation ou les dépenses de défense, selon M. Gyngell.

"C'est une capacité tellement coûteuse. Je ne suis pas sûr de la façon dont le reste de la région va y répondre", s'interroge celui qui a été directeur général et fondateur de l'Institut Lowy pour la politique internationale de 2003 à 2009, ainsi que conseiller principal du Premier ministre australien de l'époque, Paul Keating, entre 1993 et 1996.

Auteur du célèbre best-seller The Fear of Abandonment (La peur de l'abandon), qui analyse les facteurs historiques et psychologiques sous-tendant la diplomatie australienne depuis 1942, Allan Gyngell juge que la décision de l'Australie d'adhérer à l'AUKUS et d'acquérir des sous-marins nucléaires ressort de la même disposition psychologique.

Il avertit que ce pacte est susceptible d'accroître la dépendance de la défense australienne vis-à-vis des Etats-Unis. "Ma préoccupation est qu'il limite effectivement l'autonomie de l'Australie parce que, contrairement à d'autres parties de notre force de défense, ces sous-marins ne pourraient pas être exploités sans l'assentiment des Etats-Unis, car l'Australie n'aura tout simplement pas la capacité d'entretenir et de soutenir l'ensemble du système de propulsion nucléaire."

"La capacité de l'Australie à exploiter son actif de défense le plus coûteux et le plus puissant sera toujours soumise au veto des Etats-Unis et le programme conduira inévitablement à une intégration opérationnelle plus profonde avec les Etats-Unis", a noté Gyngell dans un récent article pour l'East Asia Forum.

"Il sera plus difficile de dissocier nos engagements stratégiques et notre profonde identification avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni de nos intérêts de politique étrangère. Les attentes des Etats-Unis concernant le soutien australien dans presque toutes les éventualités, qu'elles impliquent ou non la Chine, vont augmenter", observe l'expert.

"L'accord est donc un gros pari australien sur l'avenir des Etats-Unis, et ce à un moment plus incertain de la politique américaine qu'à presque n'importe quel moment de l'histoire de l'alliance", écrit-il. Fin

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