Pour l'Europe, quel genre d'Etats-Unis d'Amérique est de retour?

French.xinhuanet.com | Publié le 2021-09-21 à 18:51

BEIJING, 21 septembre (Xinhua) -- Depuis son entrée en fonction, le président américain Joe Biden a répété à maintes reprises le slogan "L'Amérique est de retour!" pour combler le fossé entre les alliés transatlantiques. Néanmoins, la décision de l'Australie de rompre son contrat de sous-marins avec la France et de se tourner vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni a montré de nouveau, selon des responsables et experts européens, que la conception de "L'Amérique d'abord" est enracinée dans la diplomatie de Washington.

Ces trois pays ont annoncé le 15 septembre dernier un nouveau partenariat de sécurité, baptisé AUKUS, dont la première initiative est de doter l'Australie d'une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire. Le Premier ministre australien Scott Morrison a annoncé dans la foulée la rupture du contrat d'un montant de 56 milliards d'euros conclu en 2016 avec la France pour la fourniture de douze sous-marins conventionnels.

Exprimant sa "colère" contre cette décision, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s'est dit notamment préoccupé par le comportement américain. "Cette décision unilatérale, brutale, imprévisible, ressemble beaucoup à ce que faisait M. Trump, sans les tweets", a-t-il grincé.

L'abandon du projet de sous-marins et l'accord trilatéral "constituent des comportements inacceptables entre alliés et partenaires, dont les conséquences touchent à la conception même que nous nous faisons de nos alliances, de nos partenariats et de l'importance de l'Indopacifique pour l'Europe", a indiqué M. Le Drian vendredi dernier dans un communiqué.

Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis placent les intérêts américains en premier lieu et trahissent leurs alliés.

"Nous avons un peu vécu la grande illusion (...) Nous pensions que l'Amérique était de retour, alors qu'en fait, l'Amérique se retire", avait commenté l'eurodéputée Nathalie Loiseau, ancienne ministre française des Affaires européennes, à propos du retrait militaire précipité des Etats-Unis d'Afghanistan.

Après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, Washington a refusé de prolonger la date limite de son retrait du 31 août, en dépit de la pression de ses alliés européens, qui se sont sentis désemparés et trahis alors qu'ils se démenaient pour quitter le pays déchiré par la guerre.

Pour le magazine américain The Atlantic, M. Biden "n'utilise pas les mêmes mots ou le même ton que (Donald) Trump, mais en fait, c'est une articulation élégante de la même politique étrangère que son prédécesseur a adoptée. M. Biden s'en tient au fait que ce qui compte, c'est l'intérêt national américain".

Par ailleurs, selon des médias danois, l'Agence de sécurité nationale des Etats-Unis (NSA) a espionné le gouvernement danois et son industrie de défense, ainsi que d'autres entreprises de défense européennes, ce qui a contribué à la décision du Danemark d'acheter des avions de combat F-35 du constructeur américain Lockheed Martin en 2016.

Les Etats-Unis ont même réprimé leurs alliés. Lors de la construction du gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, ils ont jugé ce projet préjudiciable à leurs intérêts dans la région et imposé de multiples séries de sanctions pour entraver la progression du projet, provoquant un fort mécontentement de leur alliés, notamment de l'Allemagne.

Selon un sondage du German Marshall Fund et de la fondation Bertelsmann de juin dernier, la réputation des Etats-Unis comme puissance la plus influente dans le monde a reculé en France et en Allemagne par rapport aux niveaux pré-pandémie. "Les trois premiers mois de l'administration Biden n'ont pas affecté les points de vue français et allemands sur l'influence américaine dans le monde", note ce sondage mené dans 11 pays de la sphère atlantique.

Dans le contexte du nouvel ordre mondial, la plus grande revendication des alliés européens de Washington est de consolider la relation transatlantique et de refonder un multilatéralisme efficace. Soulignant en vain l'importance de l'alliance transatlantique, l'administration Biden n'hésite pas à abandonner ses engagements envers les alliés à des moments critiques pour chercher "l'intérêt national américain". Pour l'Europe, l'Amérique qui est "de retour" est toujours celle qui poursuit "l'Amérique d'abord". Fin

 
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Pour l'Europe, quel genre d'Etats-Unis d'Amérique est de retour?

French.xinhuanet.com | Publié le 2021-09-21 à 18:51

BEIJING, 21 septembre (Xinhua) -- Depuis son entrée en fonction, le président américain Joe Biden a répété à maintes reprises le slogan "L'Amérique est de retour!" pour combler le fossé entre les alliés transatlantiques. Néanmoins, la décision de l'Australie de rompre son contrat de sous-marins avec la France et de se tourner vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni a montré de nouveau, selon des responsables et experts européens, que la conception de "L'Amérique d'abord" est enracinée dans la diplomatie de Washington.

Ces trois pays ont annoncé le 15 septembre dernier un nouveau partenariat de sécurité, baptisé AUKUS, dont la première initiative est de doter l'Australie d'une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire. Le Premier ministre australien Scott Morrison a annoncé dans la foulée la rupture du contrat d'un montant de 56 milliards d'euros conclu en 2016 avec la France pour la fourniture de douze sous-marins conventionnels.

Exprimant sa "colère" contre cette décision, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s'est dit notamment préoccupé par le comportement américain. "Cette décision unilatérale, brutale, imprévisible, ressemble beaucoup à ce que faisait M. Trump, sans les tweets", a-t-il grincé.

L'abandon du projet de sous-marins et l'accord trilatéral "constituent des comportements inacceptables entre alliés et partenaires, dont les conséquences touchent à la conception même que nous nous faisons de nos alliances, de nos partenariats et de l'importance de l'Indopacifique pour l'Europe", a indiqué M. Le Drian vendredi dernier dans un communiqué.

Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis placent les intérêts américains en premier lieu et trahissent leurs alliés.

"Nous avons un peu vécu la grande illusion (...) Nous pensions que l'Amérique était de retour, alors qu'en fait, l'Amérique se retire", avait commenté l'eurodéputée Nathalie Loiseau, ancienne ministre française des Affaires européennes, à propos du retrait militaire précipité des Etats-Unis d'Afghanistan.

Après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, Washington a refusé de prolonger la date limite de son retrait du 31 août, en dépit de la pression de ses alliés européens, qui se sont sentis désemparés et trahis alors qu'ils se démenaient pour quitter le pays déchiré par la guerre.

Pour le magazine américain The Atlantic, M. Biden "n'utilise pas les mêmes mots ou le même ton que (Donald) Trump, mais en fait, c'est une articulation élégante de la même politique étrangère que son prédécesseur a adoptée. M. Biden s'en tient au fait que ce qui compte, c'est l'intérêt national américain".

Par ailleurs, selon des médias danois, l'Agence de sécurité nationale des Etats-Unis (NSA) a espionné le gouvernement danois et son industrie de défense, ainsi que d'autres entreprises de défense européennes, ce qui a contribué à la décision du Danemark d'acheter des avions de combat F-35 du constructeur américain Lockheed Martin en 2016.

Les Etats-Unis ont même réprimé leurs alliés. Lors de la construction du gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, ils ont jugé ce projet préjudiciable à leurs intérêts dans la région et imposé de multiples séries de sanctions pour entraver la progression du projet, provoquant un fort mécontentement de leur alliés, notamment de l'Allemagne.

Selon un sondage du German Marshall Fund et de la fondation Bertelsmann de juin dernier, la réputation des Etats-Unis comme puissance la plus influente dans le monde a reculé en France et en Allemagne par rapport aux niveaux pré-pandémie. "Les trois premiers mois de l'administration Biden n'ont pas affecté les points de vue français et allemands sur l'influence américaine dans le monde", note ce sondage mené dans 11 pays de la sphère atlantique.

Dans le contexte du nouvel ordre mondial, la plus grande revendication des alliés européens de Washington est de consolider la relation transatlantique et de refonder un multilatéralisme efficace. Soulignant en vain l'importance de l'alliance transatlantique, l'administration Biden n'hésite pas à abandonner ses engagements envers les alliés à des moments critiques pour chercher "l'intérêt national américain". Pour l'Europe, l'Amérique qui est "de retour" est toujours celle qui poursuit "l'Amérique d'abord". Fin

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