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French.xinhuanet.com | Publié le 2021-09-12 à 00:10
Jean-Baptiste Meyer, directeur de recherche au CEPED (Centre Population et Développement).
Une étude sociologique approfondie menée à la fin des années 2000 confirme que la majorité des terroristes islamistes ayant opéré dans les pays occidentaux sont résidents et même souvent citoyens de ces derniers, a indiqué Jean-Baptiste Meyer, directeur de recherche au CEPED (Centre Population et Développement).
PARIS, 11 septembre (Xinhua) -- Le multilatéralisme s'impose comme la voie à privilégier et l'ONU serait une enceinte essentielle dans la lutte contre le terrorisme, a annoncé Jean-Baptiste Meyer, directeur de recherche au CEPED (Centre Population et Développement) lors d'une interview exclusive accordée récemment à Xinhua.
A l'occasion du 20e anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001 qui ont plongé les Etats-Unis dans la guerre en Afghanistan, l'intervention américaine en Afghanistan après 20 ans de présence s'est terminée récemment par un retrait des troupes.
Selon M. Meyer, la doctrine des Etats-Unis consistait à couper les bases terroristes en réduisant les Etats qui les abritent. C'est une approche traditionaliste, en matière de relations internationales, conférant aux Etats-nation une importance qu'ils n'ont pas toujours et aujourd'hui probablement encore moins qu'auparavant.
"Le terreau du terrorisme est moins constitué de soi-disant Etats sanctuaires que de réseaux globaux et transnationaux issus de problèmes planétaires. C'est pourquoi le multilatéralisme s'impose comme la voie à privilégier et l'ONU apparaît comme une enceinte essentielle. Mais s'il y a bien des services compétents en son sein (dans le DESA notamment), leur capacité de coordination et de mobilisation mérite d'être significativement renforcée et développée", a-t-il souligné.
Evoquant le lien entre l'immigration et le terrorisme, il pense qu'il existe un lien, indirect et non pas direct, entre la situation sociale, l'immigration et le terrorisme. L'immigration ne génère pas le terrorisme, l'immense majorité des migrants réprouve la violence terroriste. Mais les terroristes islamistes relèvent généralement de populations issues de la migration. "Il y a là un phénomène global, qui doit être interprété globalement : la mondialisation inégale induit des problèmes sociaux mondiaux dont la migration et le terrorisme sont en partie des produits", a-t-il indiqué. Sans pour autant qu'ils soient concomitants.
Photo prise le 14 septembre 2020 montrant le drapeau des Nations Unies (ONU) flottant devant le siège de l'ONU à New York, aux Etats-Unis. (Xinhua/Wang Ying)
Le socio-économiste français a précisé qu'une étude sociologique approfondie menée à la fin des années 2000 confirme que la majorité des terroristes islamistes ayant opéré dans les pays occidentaux sont résidents et même souvent citoyens de ces derniers. "Selon certains auteurs mobilisés, cette radicalisation apparaît comme la résultante d'un intense mal-être social, d'une citoyenneté introuvable dans le contexte actuel mondialisé et lié au déracinement de cette population dans la modernité", a-t-il noté.
En ce qui concerne la situation actuelle de la France dans la lutte contre le terrorisme, il a estimé que pour résoudre assurément et définitivement la question terroriste, il faudrait s'attaquer aux problèmes sociétaux globaux qui en sont à la source. "Les réponses sécuritaires peuvent apporter une solution temporaire en neutralisant les groupes ou éléments existants, identifiés et localisés. Mais elles laissent intacts les foyers dormants que les situations inéquitables créent en permanence et qui peuvent s'éveiller et s'organiser à l'insu des meilleurs observateurs", a-t-il affirmé.
Jean-Baptiste Meyer est également chercheur senior à l'Institut de Recherche pour le Développement Durable et professeur dans diverses universités en Europe et en Afrique. Fin